Homme démembré près de Rouen: une accusée "sous emprise" et "dans le déni"

Palais de justice de Rouen. - BFM Normandie
Céline Vasselin, accusée d'avoir tué en 2018 avec une amie et démembré son concubin, dont elle était "sous l'emprise" selon une psychiatre, a déclaré jeudi devant la cour d'assises de Rouen avoir été "dans le déni".
Une "personnalité équilibrée"
Céline Vasselin présente une "personnalité équilibrée, mature, aux valeurs morales fortes" et ne montre "aucun signe de dangerosité psychiatrique, ni criminologique", a estimé une experte psychiatre.
Interrogée par la présidente Nathalie Gavarino sur le décalage entre ce portrait et les faits reprochés, l'experte explique que "lorsque la terreur dépasse la morale, on peut basculer sur un passage à l'acte, Céline Vasselin reconnaît un acte de folie mais ne présente aucun danger psychiatrique".
Céline Vasselin, esthéticienne de 35 ans, et Jessica Adam, 39 ans, une cliente devenue amie, sont jugées depuis lundi par la cour d'assises de Seine-Maritime pour avoir dans la nuit du 3 au 4 novembre 2018 dans la banlieue de Rouen drogué, tué par arme blanche et démembré Sliman Amara, avec qui Céline Vasselin avait eu un enfant.
"Elle a perçu l'assassinat comme la seule issue possible", analyse le médecin, "c'est quelqu'un d'organisé, pour elle et son fils c'était la seule solution pour être enfin en sécurité", d'après l'expertise.
"La relation d'emprise peut ici être établie, notamment en raison de menaces et violences récurrentes" a ajouté la psychiatre, "elle était dépendante à la victime". "Pour qu'il y ait emprise, il faut une personnalité qui fait subir et une qui accepte", comme l'accusée "qui se remet en question pour changer et que ça aille mieux sans parvenir à le quitter", explique-t-elle.
L'avis de l'experte sur le manque de témoignages pour accréditer les violences que l'accusée dit avoir subies: "l'emprise on n'en fait jamais état auprès de tiers, c'est dans l'intimité du couple, quand la porte se referme qu'elles sont mises en lumière".
Céline Vasselin, prostrée depuis lundi, a ensuite pris la parole, éclatant très vite en sanglots en disant qu'elle "regrette" et a "tellement honte du mal qu'elle a fait". L'esthéticienne a décrit un début de relation avec un "prince charmant" qui "change complètement de visage" après l'emménagement et surtout la naissance de leur fils, sur fond de "consommation régulière d'alcool".
Elle raconte un viol, évoque d'autres rapports sexuels forcés, puis une "séquestration, menacée par Sliman avec un couteau à côté de notre fils".
Elle reconnaît les faits
L'accusée reconnaît les faits pour lesquels elle encourt la réclusion à perpétuité: la planification du meurtre, les coups d'arme blanche, le découpage du corps et sa dispersion dans la Seine. Elle affirme avoir été "dans le déni" à ce sujet au moment de son incarcération avant d'en prendre conscience grâce à sa psychothérapie en prison.
Elle ressent au passage le besoin de remercier sa co-détenue, une "personne dans mon cœur" qui "m'a énormément aidée". "Aujourd'hui je peux dire qu'on est en couple", dit Céline Vasselin.
Plus tôt dans la journée, la troisième accusée, poursuivie pour avoir eu connaissance du crime sans l'avoir dénoncé, a été malmenée par l'avocate générale et les parties civiles.
Il lui a été notamment reproché de n'avoir pas dissuadé celle qu'elle appelait sa "petite sœur" de passer à l'acte et même d'avoir fait des recherches sur l'anxiolytique administré à la victime pour l'endormir.