Brexit: une vingtaine de navires de pêche normands et nordistes bénéficiaires du plan de sortie de flotte

La bataille diplomatico-commerciale aura duré plus d'un an. À son terme, en octobre dernier, la France a pu obtenir 1054 licences pour que ses pêcheurs puissent continuer à s'approvisionner en poisson dans les eaux territoriales britanniques.
Un total bien moins conséquent que celui dont jouissaient les professionnels du secteur avant le déclenchement du Brexit. Cela ne sera pas sans conséquence pour certains pêcheurs, laissés à quai.
Les marins lésés pourront néanmoins bénéficier d'un Plan d'accompagnement individuel (PAI), autrement dit d'un plan de sortie de flotte. Les pêcheurs désireux d'obtenir des fonds de cette enveloppe, au montant compris entre 40 et 60 millions d'euros à l'échelle de l'Union européenne, devaient déposer une candidature courant novembre.
90 dossiers retenus en France
En France, 90 dossiers ont été retenus, selon la liste rendue publique mardi. En Normandie, 18 armateurs de bateaux devraient pouvoir bénéficier des compensations financières en l'échange de la mise à la casse de leur bateau. Ils seront huit dans le Calvados et dix dans la Manche. Plus au nord, dans le Boulonnais, seules sept demandes sur 18 ont été octroyées.
Olivier Leprêtre, président du Comité régional des pêches des Hauts-de-France, fustige ce chiffre: "Les plus touchés dans cette affaire de Brexit, c'est bien la région Hauts-de-France. La région Hauts-de-France est à 17 miles des côtes britanniques. Quand on sort de Boulogne, trente minutes après, on est dans les eaux britanniques".
"Il aurait fallu avantager les Boulonnais"
Et d'ajouter: "J'estime qu'il aurait fallu avantager les Boulonnais. On a des bateaux qui ont perdu du jour au lendemain 50 voire 60% de leur chiffre d'affaires. On ne peut pas en rester là". C'est pourquoi il a demandé une extension du plan de sortie de flotte à d'autres armateurs, dont la majorité sont fileyeurs.
Les exploitants commerciaux dont le dossier a été validé disposent désormais de 90 jours calendaires pour procéder à la destruction de leur outil de travail avant de recevoir leur dû.
Selon le Journal officiel, le montant sera calculé "en fonction de sa jauge exprimée en UMS (jauge GT)" du navire, autrement dit de sa puissance. Les armateurs devront en parallèle s'engager à ne pas armer de nouveau bateau pendant cinq ans.
Une "réelle dépendance"
D'un marin à l'autre, les raisons motivant cette demande d'indemnisation varient. "Il y a des pêcheurs qui ont une réelle dépendance aux eaux territoriales britanniques et qui se retrouvent coincés, explicite Dimitri Rogoff, président du Comité régional des pêches de Normandie. C'est-à-dire qu'ils ne peuvent plus exploiter comme ils exploitaient avant."
En outre, "il y a des pêcheurs qui arrivent en fin de carrière, avec des vieux bateaux, pour lesquels ça peut être une opportunité", poursuit-il au micro de BFM Normandie.
Au-delà du Brexit, d'autres "contraintes difficiles" se dressent devant les pêcheurs, rappelle Dimitri Rogoff, du prix du gasole au Covid-19. "Certains pêcheurs font le choix d'arrêter", constate-t-il.
De nouvelles complications en 2026
Si l'on en croit le président du Comité régional des pêches de Normandie, les conséquences de la réduction de la flotte sur les ports de la région seront limitées.
Mis à part à Cherbourg, où l'on trouve "deux bateaux hauturiers. Ça va quand même peser dans la balance, parce que c'est un port où l'équilibre est assez fragile. Mais bon, en général, la nature a horreur du vide, donc il y a des 'places qui se libèrent'. Ça peut être comblé par d'autres apports".
Quoi qu'il en soit, les pêcheurs normands ne sont pas au bout de leurs peines, y compris ceux qui ont se sont vu accorder une licence de pêche dans les eaux britanniques. Une fois l'été 2026 passé, ils devront renoncer à 25% de leurs captures dans ce secteur.