Une pince de 20 cm oubliée dans son abdomen lors d'une opération, un Marseillais raconte son calvaire

Des cicatrices qui immortalisent une période de souffrance. Plus de deux ans après avoir été opéré pour un cancer de la prostate à l'hôpital Vert Coteau à Marseille, Gérard Kern, 68 ans, se remémore son calvaire.
En septembre 2022, sa première opération pour une ablation de la prostate ne se passe pas aussi bien qu'espérée. Une veine est sectionnée accidentellement et provoque une importante hémorragie. Le cuir est recousu, mais lorsque Gérard Kern rentre chez lui la douleur persiste malgré la morphine.
"À l'hôpital, je ne m'en suis pas aperçu, j'étais en réanimation. Ils m'ont donné de la morphine puis m'ont transféré en soins intensifs. Je me levais, j'allais fumer une cigarette, je ne sentais rien. Quand je suis rentré, ma femme s'est aperçue que j'avais des douleurs."
"Il lui ont donné de la morphine, il est devenu fou"
Sa conjointe, Françoise Cohen, se souvient avoir eu très peur. "Il avait tellement mal, il hurlait, il lui ont donné de la morphine, il est devenu fou."
Après 15 jours de douleurs au ventre insupportables, il est transporté aux urgences à Aubagne pour passer un scanner. Les urgentistes découvrent qu'une pince de 20 centimètres a été oubliée dans son abdomen.
"Voilà la radio avec la pince à l'intérieur de mon corps", lance le Marseillais, radio entre les mains. "Jamais je n'aurais pensé que j'avais une pince de 20 centimètres dans le ventre."
Le sexagénaire est de nouveau opéré pour permettre le retrait de l'outil. Seulement, les sutures ne tiennent pas. "Ils ont rafistolé comme ils ont pu, mais ça a lâché", souffle le retraité, d'autant que la pince "avait déjà fait des dégâts". Une troisième opération est lancée. Elle sera suivie d'une quatrième, en raison de la perforation des intestins par la pince, et d'une cinquième et dernière à la Timone pour réparer les dégâts.
"Je n'ose même plus aller à la plage"
Si sa vie n'est plus en danger, elle a, néanmoins, été bouleversée à jamais. "Je n'ose même plus aller à la plage. Si on voit mon ventre, les gens vont prendre peur." Son ventre est désormais déformé par les multiples opérations. Durant sa période d'opérations, qui a couru jusqu'en juin 2023, le retraité a perdu plus d'une trentaine de kilos.
Pour l'heure, l'hôpital, où se sont produites les deux premières opérations, ne reconnaît pas d'erreur médicale. Ce que conteste Me Zerbib, avocat de Gérard Kern, saisi en juin 2023. "Il y a un protocole à respecter au niveau du comptage des instruments lors des opérations et c'est ça qui n'a pas été respecté", souligne-t-il.
Le chirurgien, qui exerce toujours, a écrit une lettre d'excuses au couple. Ce qui provoque la colère de Gérard Kern. "Comment peut-on sectionner une veine et oublier une pince de 20 cm? Comment est-ce possible?", s'interroge-t-il.
Contactée, l'avocate du chirurgien de l'hôpital Vert Coteau qui a opéré le retraité n'a pas répondu à nos sollicitations. Une procédure judiciaire en civil a été diligentée, une expertise judiciaire a suivi. Aujourd'hui, l'avocat et ses clients négocient avec l'assurance afin d'être indemnisés.