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Marseille: un conseiller en patrimoine reçoit plus de 500.000 euros d'une nonagénaire, la famille porte plainte

Mains de personne âgée (illustration)

Mains de personne âgée (illustration) - Pixabay

L'homme n'a pas nié avoir perçu cette somme a affirme que la vieille dame "avait toute sa tête". Un déliberé sera rendu le 24 mars.

Un conseiller en patrimoine de 58 ans a comparu vendredi 14 février devant le tribunal de Marseille pour abus de faiblesse entre 2014 et 2017 sur une nonagénaire. Le procureur a requis 18 mois de prison avec sursis, 100.000 euros d'amende et l'interdiction d'exercer toute activité liée à la gestion de patrimoine durant 5 ans, rapporte La Provence.

Le quinquagénaire, Fabrice P., entretenait une relation étroite avec Renée, héritière d'une tuilerie familiale marseillaise. La dame est décédée le 12 juillet 2020 à l'âge de 95 ans, célibataire et sans enfant.

Tous deux se sont rencontrés en 2001 lors d'un rendez-vous au Crédit agricole où le mis en cause travaillait. Renée était alors sa cliente. De fil en aiguille, leur relation s'est développée. Lui la surnommait "marraine". Elle, avait érigé le quinquagénaire comme son légataire universel. Ses cousins lointains se sont d'ailleurs indignés en découvrant, peu avant son décès, qu'elle avait donné à Fabrice P. plusieurs centaines de milliers d'euros et que son nom était inscrit sur son testament et ses quatre assurances-vie.

520.000 euros versés

D'après l'avocate des proches de la dame, qui se sont portés partie civile, celle-ci aurait confié à son protégé près de 520.000 euros en virements, chèques ou via des dépenses réalisées avec sa carte bancaire.

Les mouvements de ces sommes d'argent avaient déjà mis la puce à l'oreille au service de renseignement financier. En 2017, il avait signalé des "opérations financières atypiques" sur les comptes de Fabrice P. et de sa société de gestion de patrimoine au parquet, précise La Provence. 215.000 euros ont été versés par la dame âgée en deux ans.

Au même moment, Renée est placée sous tutelle à la suite de l'expertise d'un psychiatre qui a constaté une dégradation de ses capacités cognitives. Deux ans plus tard, en 2019, sa tutrice porte plainte après avoir remarqué l'absence de grosses sommes d'argent sur son compte.

Une dame qui "avait toute sa tête"

Au tribunal, Fabrice P., dont le casier est vierge, a reconnu avoir perçu cet argent de la nonagénaire. Il s'agirait d'un accord entre eux pour éviter les droits de succession.

D'après lui, la famille de la dame l'avait abandonnée. L'homme lui serait venu en aide, l'aurait accueillie durant les fêtes de fin d'année et l'aurait emmenée chez le médecin durant plusieurs années.

Il lui rendait en outre visite à l'Ehpad, structure qu'il avait lui-même choisie. "Elle avait des difficultés, était malentendante, mais elle avait toute sa tête, quasiment jusqu'à la fin", a déclaré le mis en cause, tout en rappelant que le médecin généraliste de Renée confirmait ces éléments. Un délibéré sera rendu le 24 mars.

Mélanie Hennebique