Marseille: le "Wonder of the Seas", plus grand paquebot du monde, s'attire les critiques

Il semble autant susciter l'admiration que la défiance. Le "Wonder of the Seas", plus gros paquebot de croisière du monde, est arrivé à Marseille le 9 novembre dernier. C'est au port de l'Estaque que doivent être réalisés les travaux de finition de ce colosse des mers de 362 mètres de long, de 66 mètres de large et d'une capacité de 9300 personnes, avant sa mise en service dans les Caraïbes en mars prochain.
"C'est un monstre, souriait une curieuse, jumelles en main, le jour de son arrivée à Marseille. Alors, tout ce qui est exceptionnel, ça m'attire. (...) D'habitude, on regarde les cormorans. Aujourd'hui, c'est un peu plus intéressant que les cormorans."
Et une autre Marseillaise d'abonder: "J'attends le Wonder of the Seas, le paquebot dernière génération. C'est l'admiration de ce que l'être humain peut arriver à construire".
"J'ai l'impression de fumer trois paquets de cigarette"
Mais les riverains du quartier de l'Estaque, qui ne peuvent échapper à la vue de ce paquebot haut comme un immeuble de 20 étages au quotidien, commencent à s'en lasser. D'aucuns estiment qu'il déforme le paysage. D'autre assurent qu'il est "magnifique", "féerique", mais que "pour les poumons, ça ne va pas".
"Le matin, au lieu de sentir l'odeur de la mer, on sent l'odeur du mazout ou du pétrole, regrette une habitante. J'ai l'impression de fumer trois paquets de cigarettes."
Ces effluves sont liés à la motorisation du paquebot, "encore diesel", selon Richard Hardouin, président de France Nature Environnement dans les Bouches-du-Rhône.
Un paquebot pourtant plus vert?
Son carburant "est 100 fois plus polluant que le diesel des automobiles", assure l'intéressé. D'autant qu''il risque d'utiliser, je pense, des laveurs de fumée. Ce qui lui permet d'utiliser un carburant moins raffiné, en général du 0.5 ou même du 3.5".
Le croisiériste Royal Caribbean International se défend d'avoir fait construire un navire "plus vert", qui émet 30% de gaz à effet de serre en moins que les autres paquebots, et qui peut être branché à quai pour éviter de faire tourner les moteurs.
"Les armateurs sont vertueux, maintenant, en navire de croisière", reconnaît Richard Hardouin. Cependant, "le grand port de Marseille ne l'est pas puisqu'il n'offre pas la capacité aux navires de se brancher. La responsabilité n'appartient pas aux croisiéristes mais au grand port de Marseille".
Selon l'ONG Transport et Environnement, le port de Marseille était le huitième plus pollué d'Europe en 2019. En raison, notamment, de la présence de navires de croisière.