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Grève des éboueurs à Marseille: les négociations au point mort entre la Métropole et Force Ouvrière

Des poubelles dans le 6e arrondissement de Marseille le 10 décembre 2021.

Des poubelles dans le 6e arrondissement de Marseille le 10 décembre 2021. - BFM Marseille

Alors que plusieurs syndicats ont signé un accord avec la Métropole cette semaine, Force Ouvrière, organisation majoritaire chez les éboueurs marseillais, a choisi de continuer le mouvement.

Pour la Métropole, les négociations avec les éboueurs sont terminées. Après plusieurs semaines de grève des éboueurs à Marseille, quatre syndicats, dont la CGT et FSU, ont signé en début de semaine un accord avec la Métropole pour mettre fin au mouvement. Force Ouvrière (FO), syndicat majoritaire dans la profession, continue en revanche de refuser cet accord. Invité sur BFM Marseille, le vice-président de la métropole chargé des négociations, Yves Moraine, a dénoncé le comportement de l'organisation syndicale.

"L'accord ne bougera pas d'un iota"

"Je ne peux pas comprendre qu'un syndicat comme Force Ouvrière refuse aujourd'hui un accord bien meilleur pour les agents sur divers domaines, que celui qu'il avait accepté il y a un mois et demi. C'est incohérent, inadmissible et dangereux", s'insurge l'élu métropolitain sur BFM Marseille, face à Patrick Rué, secrétaire général chez FO.

L'accord signé avec les autres syndicats prévoit une décote de pénibilité de 15% pour les éboueurs. Dans un précédent accord conclu le 1er octobre dernier entre la Métropole et Force Ouvrière à l'issue d'un premier mouvement de grève, la décote promise était de 9,5%. Patrick Rué, secrétaire général Force Ouvrière des agents territoriaux a tenu à souligner sur BFM Marseille que cet ancien accord avait été seulement oral et n'avait pas été signé.

Yves Moraine s'est lui, réjoui du nouvel accord qu'il considère comme "le meilleur de France". Un constat qui avait été partagé par la représentante de la CGT Véronique Dolot sur BFM Marseille ce mardi lors de la signature de l'accord. Patrick Rué estime lui que l'accord est seulement "le moins mauvais". Le syndicaliste s'est dit ce jeudi soir toujours "ouvert à la négociation" pour mettre fin définitivement à la grève. Toutefois, la Métropole ne souhaite désormais plus céder de terrain au syndicat.

"L'accord, tel qu'il a été passé ne bougera pas d'un iota, la loi ne bougera pas d'un iota, et ceux qui, nonobstant ces accords, refuseront de reprendre le travail seront réquisitionnés", avertit Yves Moraine.

249 agents de collecte réquisitionnés

Dans un communiqué publié ce jeudi, la préfecture de police a annoncé "faire usage du pouvoir de réquisition" des agents depuis jeudi jusqu'au 20 décembre. 249 agents doivent donc être réquisitionnés à Marseille et Aubagne pour effectuer le travail de collecte sous peine de recevoir une amende de 10.000 euros. Patrick Rué critique cette décision qu'il qualifie de "geste politique".

"Jamais un problème n'a été réglé par des réquisitions", dénonce le représentant syndical.

Patrick Rué souligne par ailleurs, que de nombreux agents sont encore en grève malgré l'accord, affirmant que seules "6 bennes sur 60" sont sorties pour travailler mercredi soir.

De son côté, Yves Moraine estime que l'accord signé avec des syndicats ainsi que les réquisitions vont permettre progressivement de ramasser les poubelles accumulées dans Marseille et de rendre la ville davantage propre pour les fêtes de fin d'année.

"Hier soir, il n'y avait pas juste quelques agents qui travaillaient. On a ramassé hier soir, 875 tonnes d'ordures sur Marseille alors que d'habitude on en ramasse 1022, c'est à dire plus de 80% du tonnage habituel (...) Cela ne suffit pas pour rattraper le retard et donc on veut que les derniers grévistes travaillent pour rattraper le retard et que les Marseillais passent des fêtes de Noël normales et pas sous des tas d'immondices", explique Yves Moraine.

Selon la préfecture de police, 2500 tonnes de déchets se sont accumulées dans les rues de Marseille et d'Aubagne, depuis le début du mouvement de grève. Un préavis de grève avait été à nouveau déposé dans la cité phocéenne fin novembre pour s'opposer à la loi de transformation de la fonction publique qui prévoit une augmentation du temps de travail des éboueurs.

Gauthier Hartmann