Enfant mort sous les coups de son beau-père à Marseille: la perpétuité requise contre l'accusé

Photo d'illustration. - AFP
La réclusion criminelle à perpétuité a été requise ce mardi 14 novembre contre un homme de 29 ans, jugé depuis lundi par la cour d'assises d'appel du Var pour le calvaire du fils de sa compagne, mort sous les coups à deux ans et demi, en 2020 à Marseille. Le verdict est attendu mercredi.
Yassine Argoub avait été condamné à la perpétuité par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône en 2022 pour torture ou acte de barbarie sur un mineur ayant entraîné la mort sans intention de la donner, mais il a fait appel.
Aucun proche de l'enfant présent dans la salle
Devant une salle vide, où aucun proche de l'enfant n'est venu suivre les débats, les photos du petit corps supplicié ont marqué la cour.
Né prématuré en Espagne, il a vécu un temps chez sa grand-mère, puis ce cadre a volé en éclats à l'arrivée de M. Argoub, un marginal algérien, dans la vie de sa mère.
Ensemble, ils ont mené "une vie de débrouille, de grand n'importe quoi (...), avec en toile de fond une consommation de produits toxiques", a dénoncé l'avocate générale Sylvaine Schumacher.
De nombreuses lésions sur le corps de l'enfant
Quand les services sociaux espagnols se sont inquiétés du sort de l'enfant, le couple, recherché lui pour vol et elle pour escroquerie, est parti à Marseille. Là, tous deux ont vécu isolés, en huis clos familial, dans un squat insalubre.
Jusqu'à la nuit du 18 au 19 février 2020, quand Yassine Argoub a appelé les secours en expliquant que l'enfant respirait mal après une chute.
Le petit Mohamed a en fait succombé à une rupture de l'estomac et il a fallu sept heures d'autopsie pour faire la longue liste des lésions sur son petit corps. Certaines remontaient à quelques heures avant le décès et d'autres à au moins plusieurs jours.
Il a subi des coups de tête, des coups de poing, des coups de ceinture, a été projeté contre un mur, portait une trace de morsure, a eu un ongle arraché...
Pour Mme Schumacher, l'accusé "n'a plus vu en lui un petit être humain mais peut-être un punching-ball, un exutoire à sa colère et à sa frustration".
L'accusé impute les coups à la mère de l'enfant
Lundi à l'audience, l'accusé a reconnu une part de responsabilité, expliquant être tombé par accident sur l'enfant la nuit du drame, tout en continuant d'imputer les coups à son ancienne compagne. Cette dernière, qui était absente le soir du drame, a été condamnée en première instance à cinq ans d'emprisonnement, dont quatre ferme, pour ne pas avoir cherché à protéger son fils.
Pour Me Louis Bensa, la responsabilité de la mère a été trop vite écartée. En l'absence de témoin dans le squat, "on ne sait pas ce qu'il se passe dans cet appartement. Il y a un vide, donc il y a un doute. Et une condamnation à perpétuité, c'est quand on n'a pas de doute".