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"Elle a pris fait et cause pour la pédophilie": un élu marseillais veut débaptiser l'école Simone de Beauvoir à Marseille

L'élu d'opposition Guy Teissier a demandé la débaptisation de l'école Simone de Beauvoir, auparavant appelée école Marceau.

L'élu d'opposition Guy Teissier a demandé la débaptisation de l'école Simone de Beauvoir, auparavant appelée école Marceau. - Ville de Marseille

Lors du conseil municipal organisé le 28 février, l'élu d'opposition Guy Teissier a fait part de "zones d'ombre" autour de la philosophe et a provoqué la colère de Benoît Payan.

La tension était palpable lors de la séance du 28 février du conseil municipal de Marseille. L'élu d'opposition Guy Teissier a créé un tollé en évoquant une nouvelle école construite dans le 3e arrondissement de la ville. D'après lui, l'établissement Simone de Beauvoir ne devrait plus être baptisé ainsi en raison de "zones d'ombre qui entachent considérablement l'honorabilité de cette dame".

Guy Teissier s'élance alors dans son argumentaire et explique que la philosophe "a pris fait et cause en faveur de la pédophilie" à plusieurs reprises.

"Certes, c’était l’époque post-soixante-huitarde où tout devait être permis et où, surtout, il était interdit d’interdire”, ajoute-t-il.

A mesure que l'élu déroule ses propos, l'agitation gagne la salle. Des voix s'élèvent pour manifester l'indignation.

Guy Teissier poursuit et affirme que Simone de Beauvoir a signé une pétition qui “défendait les relations sexuelles entre adultes et enfants”, publiée dans les colonnes du Monde et “rédigée par le pédophile Gabriel Matzneff”.

Il cite ensuite d'autres signataires, à l'image de “Roland Barthez”. L'élu est rapidement repris par Benoît Payan: “Barthez est le gardien de l’équipe de France, l’écrivain c’est Roland Barthes”, lui lance l'édile, avant de dénoncer un “dérapage incontrôlé”.

"Vous n'avez pas honte?"

Les propos de Guy Teissier ont créé l'émoi au sein de l'audience. "Calme-toi", lance-t-il à une autre personne présente dans la salle. Benoît Payan le rappelle à l'ordre, puis prend la parole. “J’avoue que j’ai entendu des choses aujourd’hui et dans les conseils municipaux, mais là je crois que nous avons dépassé les bornes", dit-il.

Il poursuit: "Vous pouvez bien évidemment exprimer un certain nombre d’opinions (...) Vous avez le droit de considérer que madame Simone de Beauvoir n’est pas une écrivaine qui puisse vous convenir. [...] Ça s'appellera Simone De Beauvoir. Et heureusement qu’elle était là. Elle s’est battue pour que les femmes soient libres, pour qu’elles puissent se lever. Elle s’est battue pour qu’elles puissent s’émanciper au moment où il y en a qui les frappent. Ne venez pas me parler des droits des femmes.”

En colère, le maire assène: “C'est honteux ce que vous faites. Au moment où des hommes frappent leurs femmes, au moment où des élus sont mis en examen pour viol. Vous n’avez pas honte?”

En dépit de ces quelques minutes agitées, le calme est vite revenu dans la salle. Benoît Payan annonce alors que le nom de l'établissement scolaire, initialement appelé école Marceau, restera inchangé.

Mélanie Hennebique