Des pilleurs de palourdes devant le tribunal d'Aix-en-Provence

Des palourdes. Photo d'illustration - Piero CRUCIATTI / AFP
Sur le banc des prévenus: cinq pêcheurs, dont une femme, ainsi que la société sétoise Cap Horn, spécialisée dans l'achat et la vente de palourdes, et ses deux dirigeants.
Dans les faits, les pêcheurs amateurs, âgés de 28 à 42 ans, qui ne bénéficient donc d'aucune licence professionnelle, ont récolté et revendu pendant plusieurs mois des centaines de kilos de palourdes à la société Cap Horn.
Et ce, en dépassant largement la limite quotidienne de deux kilos fixés pour les pêcheurs de loisirs.
"Continuez à travailler, vous êtes des feignants"
Des interceptions téléphoniques réalisées dans le cadre de l'enquête ont mis en évidence une forme de "pression", selon les termes du président, exercée par Jean-Michel Zanon, PDG de Cap Horn, sur les pêcheurs pour obtenir toujours plus de palourdes.
"Continuez à travailler, vous êtes des feignants ça vous apprendra", a dit Michel Zanon à des pêcheurs avec lesquels il travaillait, selon un enregistrement lu en salle d'audience.
Derrière la recherche de rentabilité, la question du danger sanitaire a aussi été soulevée. En effet, les individus ont ponctuellement pêché en dehors des périodes autorisées, notamment lorsque la pêche a été interdite à cause d'une pollution à l'Escherichia Coli.
Selon son avocat, Jean-Michel Zanon conteste "faire partie d'une organisation structurée".
Deux associations parties civiles
Dans ce dossier, France Nature Environnement Paca et la Ligue pour la Protection des Oiseaux de la région, se sont constituées parties civiles. Les associations souhaitant alerter sur la dangerosité du trafic de palourdes.
Leur avocate Me Isabelle Vergnoux a appelé à ne pas "minimiser" l'impact sur la biodiversité du trafic d'espèce sauvages, l'un des plus lucratifs dans le monde.
Les palourdes, très présentes dans l'étang de Berre, l'une des plus grandes lagunes méditerranéennes d'Europe, agissent comme des "filtres" contre divers "polluants". Enlever "ces quantités astronomiques de palourdes dans ce milieu", c'est retirer "un pouvoir de filtration énorme dans un milieu déjà pollué", a-t-elle ajouté.
Confronté par le président aux effets sur l'environnement de son activité, M. Zanon a assuré qu'il ne pensait pas que cela puisse avoir des conséquences sur l'écosystème car il n'avait "jamais vu des gisements avec autant de palourdes".
De lourdes réquisitions
La procureure a requis des peines de 200 jours-amendes, allant de 50 à 100 euros, pour les cinq pêcheurs amateurs.
Enfin, à l’encontre du couple Zanon, la procureur a requis deux ans d'emprisonnement assortis d’un sursis probatoire, l’interdiction définitive d'exercer toute activité en lien avec la pêche, la dissolution de la société et la confiscation des fonds saisis.
Le jugement a été mis en délibré au 18 novembre à 14h.