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Mercosur: action des agriculteurs à Tarascon, le centre des impôts et le palais de justice bloqués

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Avant une semaine de mobilisation qui s'annonce très importante, plusieurs agriculteurs des Bouches-du-Rhône ont bloqué l'accès au centre des impôts puis du palais de justice de Tarascon ce vendredi matin.

Moins d'un an après un mouvement social de grande ampleur, les agriculteurs français veulent à nouveau faire entendre leur colère. Alors qu'une première journée de mobilisation nationale est prévue lundi à l'appel de la FNSEA, une action a été menée à Tarascon (Bouches-du-Rhône) ce vendredi 15 novembre.

L'accès au centre des impôts et du tribunal de la commune ont été bloqués par des agriculteurs de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs en début de matinée, aux alentours de 6h30. Ces derniers ont déversé des déchets et du foin devant les grilles des bâtiments.

Une opposition au traité avec le Mercosur

Des affiches ironiques, où il est notamment inscrit "Ambassade du Brésil" ou "Ministério da Fazenda" ("ministère des finances" en Brésilen) ont également été apposées sur les façades.

Elles témoignent d'une des principales inquiétudes des agriculteurs en cette fin d'année 2024: lors du G20, prévu les 18 et 19 novembre au Brésil, l'Union Européenne pourrait conclure un accord de libre-échange avec les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay et Bolivie).

"L'hiver dernier, on nous avait promis qu'on ne devrait pas le signer au niveau européen", assure Laurent Israélian, secrétaire général départemental de la FNSEA, au micro de BFM Marseille Provence.

Le projet prévoit notamment la suppression de 90% des droits de douane. Les agriculteurs latino-américains n'étant pas soumis "aux mêmes normes" et ne disposant pas "des mêmes conditions sociales dans le travail" que leurs homologues français, les produits importés du Mercosur sont considérés comme une "concurrence déloyale" par les syndicats.

Le tribunal de commerce également visé

Ce mercredi, Michel Barnier déclarait que "dans les conditions actuelles, l'accord n'est pas acceptable et ne sera pas accepté par la France". Le Premier ministre a justifié cette opposition par "l'impact dévasteur que cet accord aurait sur des filières entières de l'agriculture et de l'élevage".

"On veut juste pouvoir vivre de notre métier", déclare Laurent Israélian. Les "promesses" faites par Gabriel Attal au mois de février n'auraient ainsi pas été tenues selon lui. Il entend donc remettre une pression supplémentaire sur les nouveaux ministres.

"Le gouvernement français ne nous a pas entendus, c'est pour ça qu'on rattaque les mobilisations: pour essayer de se faire entendre et éviter de signer ce traité", conclut l'agriculteur.

A la suite du premier blocage réalisé au centre des impôts, les agriculteurs ont mené la même action devant le tribunal de commerce de Tarascon.

"Est-ce que vous voulez manger du poulet brésilien nourri aux hormones? Est-ce que vous voulez prôner une agriculture qui déforeste?" questionne Jeremy Tropini, président des Jeunes Agriculteurs des Bouches-du-Rhône, au micro de BFMTV.

Une semaine de mobilisation à venir

L'accord avec le Mercosur remet en cause le principe de "souveraineté alimentaire" de la France selon lui. "On va à contre-sens", ajoute-t-il.

Malgré la mobilisation agricole du début de l'année 2024, "la situation a empiré, les trésoreries se sont asséchées" d'après Jeremy Tropini. Si le tribunal de commerce a été visé par les agriculteurs ce jeudi, c'est justement "parce qu'on ne veut pas se retrouver en liquidation", conclut le syndicaliste.

Après Tarascon, les agriculteurs des Bouches-du-Rhône ont prévu de se rendre à Châteaurenard, là aussi pour bloquer le centre des finances publiques. Ce jeudi 14 novembre, les adhérents de la Coordination Rurale 13 s'étaient également mobilisés en bloquant le dépôt Lidl de Rousset.

La FNSEA appelle à mener des actions sans "ennuyer les Français" à partir de ce lundi sur l'ensemble du territoire. Michel Barnier se rend quant à lui Bruxelles ce mercredi, où il réaffirmera l'opposition de la France à ce traité.

Thomas Bernabé, Alexis Pluyette et Mathias Fleury