Zone à faibles émissions à Lyon: un habitant sur deux "réfractaire" au dispositif

Photo d'illustration. - (Photo d'illustration) - AFP
Comment les Rhodaniens jugent-ils la mise en place de la Zone à faibles émissions (ZFE)? C'est ce qu'a voulu savoir l'association Mobil'is dans une étude* réalisée par l'institut CSA dans les métropoles de Lyon et Grenoble qu'a pu consulter BFMTV.com.
Avec cette enquête d'opinion, l'association vise à établir le niveau de connaissance de la ZFE par les habitants et à constater la façon dont est perçu le dispositif. La mise en place des Zones à faibles émissions, effective dans plusieurs villes de France, vise à limiter la présence des véhicules les plus polluants dans certains secteurs et à "réguler les déplacements".
Depuis 2020, la ZFE, qui s'étend de Lyon aux villes limitrophes de Caluire-et-Cuire et Villeurbanne, interdit la circulation et le stationnement des poids lourds et des utilitaires classés Crit'Air 3, 4 et 5.

Les Rhodaniens divisés
Questionnés sur ce dispositif, les Rhodaniens sont partagés. Seules 49% des personnes interrogées se disent favorables et seulement 10% d'entre elles sont "tout à fait favorables". 51% des sondés se disent eux réfractaires, dont 20% assurent ne pas du tout être favorables à la ZFE.
Parmi les personnes ouvertes au déploiement de la zone à faibles émissions, les raisons majeures invoquées sont la préservation de l'environnement et la réduction de la pollution. A contrario, les contraintes liées à la ZFE et les conséquences financières sont les principales justifications des opposants au dispositif.
Un déficit d'information
Mais si la zone à faible émission divise, elle n'est pas toujours réellement bien connue des habitants. 39% des personnes sondées donnent une mauvaise définition de la ZFE avant d'en recevoir la signification précise.
Les automobilistes ne connaissent pas non plus toujours la vignette Cri'Air associée à leur véhicule. Selon l'étude Mobil'is, 74% des personnes affirment connaître leur vignette (52%). Parmi elles, 30% ont finalement donné un numéro de Crit’Air qui n'est pas le bon.
Face à cette méconnaissance du système sur certains aspects, ils sont nombreux à pointer une mauvaise communication sur le sujet. En effet, seuls 40% des sondés rhodaniens se disent suffisamment informés. 43% des personnes ne sont "plutôt pas" informées, 7% "mal informés" et 10% ne connaissent même pas la ZFE.
Pas de budget pour changer son véhicule
Sous l'impulsion de la majorité écologiste à la métropole de Lyon, le dispositif de la ZFE doit continuer de s'étendre dès les prochains mois aux voitures des particuliers, à commencer par les véhicules de Crit'Air 5 et non classés d'ici au 1er septembre 2022. Entre 2024 et 2026, la Métropole prévoit ensuite un élargissement progressif de l'interdiction aux véhicules classés Crit'Air 2, 3 et 4.
Face à cette perspective, alors que 78% des Rhodaniens questionnés disent utiliser leur voiture pour se rendre dans l'une des agglomérations concernées, ils ne sont que 15% à être prêts à continuer à utiliser leur voiture malgré l'interdiction. Les automobilistes hors-la-loi risquent une amende de 68 euros.
Toutefois, plus d'un tiers des personnes concernées, affirment ne pas les moyens de consacrer un budget à l'achat d'une nouvelle voiture, conforme aux réglementations de la ZFE.
Dans ce contexte, la Métropole de Lyon avait déjà assuré prévoir "des mesures d'accompagnement", comme des aides et des allocations forfaitaires, ainsi que des dérogations temporaires ou permanentes pour certains cas.
En mars dernier, la Métropole estimait que plus de 18.000 véhicules classés Crit'Air 5 ou non classés circulent dans l'agglomération, dont 8000 sont enregistrés à l'intérieur de la ZFE.
*L'étude du CSA pour Mobil'is a été effectuée sur un échantillon de 303 personnes de plus de 18 ans, 150 issus de l'Isère et 153 issus du Rhône, et possédant au moins un véhicule de Crit’Air 2, 3, 4, 5 ou non classé. Les réponses ont été recueillies en ligne sur la base d'un questionnaire d'une durée d'environ 15 minutes entre le 11 avril et le 20 avril 2022.
"Le questionnaire est issu de la méthodologie développée pour le compte de l’AEE (Association EcoEntretien) lors d’une enquête nationale menée pour la première fois en février 2022 et intitulée "L’Observatoire des ZFE 2022", précisent le CSA et Mobil'is.