Polluants éternels: des associations saisissent la justice contre l'extension de l'usine Daikin à Oullins-Pierre-Bénite

Un site de production de Daikin, à Oullins-Pierre-Bénite. - BFM Lyon
"Un scandale dans le scandale." Plusieurs associations ont annoncé ce lundi 3 juin avoir saisi la justice quelques jours auparavant pour empêcher l'extension de l'usine Daikin Chemical France sur le site d'Oullins-Pierre-Bénite, régulièrement mise en cause pour son émission de PFAS, également appelés "polluants éternels".
Les associations Bien vivre à Pierre-Bénite et Notre affaire à tous, avec la collaboration du collectifs PFAS contre terre, ont déposé vendredi dernier un recours contentieux à l'encontre de l'arrêté préfectoral autorisant l'entreprise à étendre son activité sur le site.
"Il est irresponsable de laisser cet industriel producteur de PFAS augmenter sa production, alors qu'il se situe dans la zone la plus contaminée de France par les 'polluants éternels'", dénoncent les associations.
Une "irresponsabilité des industriels"
Les collectifs déplorent aussi l'absence d'obligation dans l'arrêté préfectoral de substituer les produits PFAS dans la production de l'usine, accordant seulement à Daikin "un délai de 36 mois pour proposer un plan de substitution", alors même que les associations rappellent que les PFAS "sont à l'origine de graves problèmes pour la santé".
"L'extension de l'activité de Daikin prouve une nouvelle fois l'irresponsabilité des industriels et la complaisance de la préfecture face à l'augmentation des rejets de PFAS nocifs pour leur santé et le vivant en général", déclare Camille Panisset, secrétaire générale de l'association Notre affaire à tous.
Les trois associations demandent même une "réglementation plus exigeante pour protéger les citoyen.nes et donner la priorité à la santé environnementale" à un niveau européen, cette extension de Daikin étant due à une relocalisation de l'activité de l'usine depuis les Pays-Bas en raison des réglementations en vigueur dans le pays.
Le collectif PFAS contre Terre apporte son soutien à cette action en justice par le biais d'une pétition, qui dénonce un "scandale dans le scandale" avec l'extension de l'usine, "rendue opérationnelle par 'l'État dans le mépris total des populations riveraines contaminées".
Bras-de-fer entre le maire et la préfecture
Le maire d'Oullins-Pierre-Bénite, Jérôme Moroge, avait lui-même exigé dans un communiqué paru le 30 mai dernier la suppression de l'autorisation préfectorale de l'extension du site de Daikin, estimant que la situation exigeait "une réévaluation urgente".
La ville exige une étude d'imprégnation, menée par un laboratoire lyonnais spécialisé dans les PFAS, une surveillance renforcée des sites industriels et l'interdiction "stricte" des rejets atmosphériques et aquatiques.
Le même jour, la préfecture a répondu à l'édile dans un communiqué. "Le maire a systématiquement participé (aux discussions autour du projet d'extension de l'usine, NDLR) sans jamais exprimer les propos qu'il préfère rendre publics par voie de presse", avait écrit le préfet.
La préfète assure que "la capacité de production n'est pas modifiée", "contrairement à ce qui est indiqué par le maire d'Oullins-Pierre-Bénite". "Dès lors, aucune autorisation n'est nécessaire. La seule autorisation est celle donnée par le maire pour l'autorisation d'urbanisme."
"Cette unité de Daikin ne conduit pas à des rejets de PFAS dans l'eau", assure avec insistance la préfecture.
La préfecture précise également avoir renforcé la surveillance des eaux souterraines sur et autour de la plateforme industrielle.
Deux jours plus tôt, la métropole de Lyon avait demandé au tribunal judiciaire d'ordonner une expertise indépendante sur la pollution aux PFAS.