Lyon: plus de cinq ans après, les victimes de l'attentat de la rue Victor-Hugo restent "marquées à vie"

Le procès de Mohamed Hichem Medjoub s'ouvre ce lundi 31 mars devant la cour d'assises spéciale de Paris, près de six ans après l'attentat de la rue Victor-Hugo à Lyon qui avait blessé 14 personnes. Le 24 mai 2019, une bombe artisanale a été posée devant l'enseigne La Brioche Dorée.
Mohamed Hichem Medjoub sera arrêté trois jours plus tard. Le 29 mai, il avoue être l'auteur de l'attentat et porte allégeance à l'organisation terroriste État islamique.
Une "énorme explosion"
À l'aube du procès de l'auteur présumé de cette attaque, Morgane se souvient encore vivement du déroulement de sa journée. Elle s'était rendue à Lyon pour le concert d'Ed Sheeran.
À 17h30, elle discute avec sa sœur rue Victor-Hugo, devant La Brioche Dorée. "D'un seul coup, il y a une énorme explosion qui retentit. On a un effet de 'blast', où on se retrouve au sol avec la tête serrée et les oreilles qui sifflent."
Morgane se souvient également d'une "odeur bizarre" et "de fumée". "Quand je me relève un peu, je vois les cuisses de ma sœur en sang. Je me rends compte que c'est pareil pour moi."
Le colis piégé contenait des vis, des clous et des boulons, qui ont été projetés lors de l'explosion. Des cris retentissent autour des deux sœurs. Elles se réfugient alors dans une boutique, quelques mètres plus loin.
"Je ne prends plus trop la rue Victor-Hugo"
Les deux femmes étaient accompagnées ce jour-là de leurs compagnons respectifs qui eux n'ont pas été physiquement blessés. Toutefois, le beau-frère de Morgane garde un souvenir durable de cet après-midi d'horreur. "La première fois que l'on repasse devant La Brioche Dorée, c'est très particulier comme sentiment", raconte Pierre.
"Même après tant de temps, c'est étouffant. Maintenant, je ne prends plus trop la rue Victor-Hugo, je prends les rues qui sont à côté. Je suis beaucoup plus vigilant à ce qui m'entoure."
Morgane et sa sœur ont quant à elles nécessité des opérations et des soins à domicile pendant quatre mois pour soigner leurs jambes. "Nos jambes sont marquées à vie, mais c'est sûr que nous aussi, psychologiquement. Ça fait partie de notre histoire."
Ils assisteront dès ce lundi au procès à Paris. S'ils attendent le jugement avec impatience, Morgane appréhende la confrontation avec Mohamed Hichem Medjoub. "Ça risque d'être violent psychologiquement pour nous, de se retrouver face à cette personne qui n'a aucun regret et à chercher à tous nous tuer."
Mohamed Hichem Medjoub est décrit par leur avocat comme "un homme glaçant, intelligent", qui "assume" son acte sans "aucun regret ni remord". "Il a même dit que s'il pouvait recommencer, il recommencerait". L'auteur de l'attentat présumé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.