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Législatives: dans le Rhône, le RN vise la victoire dans les circonscriptions "périphériques"

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À moins d'un accord avec d'autres formations, le parti d'extrême droite présentera un candidat dans les 14 circonscriptions du département. Il nourrit notamment des ambitions dans le nord du département, où il a massivement été soutenu lors des élections européennes.

Historiquement, le Rhône n'est pas un terreau particulièrement fertile pour le Rassemblement national (RN). Le parti d'extrême droite n'y a, à ce jour, jamais fait élire de député. L'avenir pourrait toutefois reléguer cette affirmation au passé.

À l'échelle du département, Jordan Bardella a fait mieux que tous ses concurrents, glanant quelque 160.000 voix, soit 23,66% des suffrages, aux élections européennes du 9 juin. Et l'étude de la carte électorale a de quoi nourrir l'espoir et l'appétit du RN: cette dernière s'est massivement teintée des couleurs du parti de Marine Le Pen, ne laissant apparaître des îlots d'autres couleurs autour de Lyon et à Givors.

Invitée de la matinale de BFM Lyon ce mardi 11 juin, Tiffany Joncour, déléguée du Rassemblement national dans le Rhône, imagine déjà son parti surfer sur cette vague victorieuse lors des élections législatives anticipées, les 30 juin et 7 juillet.

"Un score historique dans le Rhône"

"Nous avons fait un score historique dans le Rhône. Nous avons doublé notre score par rapport aux dernières élections européennes de 2019. Aujourd'hui, nous sommes en mesure, dans le Rhône, d'élire des députés du Rassemblement national", s'enthousiasme-t-elle.

Selon l'intéressée, le parti à la flamme présentera "des candidats dans toutes les circonscriptions". Une affirmation qui fait cependant fi des déclarations de Marine Le Pen et Jordan Bardella, qui multiplient les mains tendues aux Républicains et à Reconquête. Un mariage RN-LR n'est pas à exclure, si l'on se fie aux informations du Figaro.

Tiffany Joncour y est elle aussi favorable: "On veut une grande alliance patriote". Mais si les tractations sont encore en cours, la déléguée du RN dans le Rhône promet tout de même que les candidatures "seront dévoilées dans les prochaines heures, dans les prochains jours".

La 9e circonscription dans le viseur

L'identité du porte-étendard frontiste dans la 9e circonscription aura son importance. Ce territoire regroupant les cantons d'Anse, Beaujeu, Belleville, Monsols et Villefranche-sur-Saône a soutenu Jordan Bardella dans les grandes largeurs aux élections européennes.

"Le Beaujolais a très bien voté pour nous", acquiesce Tiffany Joncour. Plus globalement, "toutes les circonscriptions qui sont un petit peu en périphérie se portent naturellement plus sur le Rassemblement national", observe-t-elle.

Lilian Renard, rédacteur en chef de Tribune de Lyon, estime également que le RN a ses chances. "On n'est pas le département qui est emporté le plus fortement par la vague", analyse-t-il sur BFM Lyon. "Mais selon les circonstances électorales, il peut y avoir un député qui passe. Dans le nord du département, dans la 9e [circonscription], dans le Beaujolais, puisque là les scores commencent à être très, très importants".

À Saint-Bonnet-des-Bruyères, par exemple, le RN culmine à 51,74% des suffrages. Il excède ou égale aussi les 50% à Saint-Clément-de-Vers ou Saint-Igny-de-Vers. Dans le nord du Rhône, le parti d'extrême droite a, au minimum, obtenu 30% des voix en 2024.

Le député sortant de la 9e circonscription, Alexandre Portier (LR), n'entend pas pour autant abandonner son siège au Palais Bourbon. Dans un communiqué transmis lundi 10 juin à BFM Lyon, l'élu assure vouloir "pour continuer [son] travail et défendre le Beaujolais".

"Beaucoup plus compliqué" d'envisager des victoires à Lyon

En revanche, envisager un député à Lyon sera "beaucoup plus compliqué", reconnaît Tiffany Joncour. "Mais nous augmentons notre score", plaide-t-elle.

"Il y a quand même beaucoup de communes de la métropole de Lyon qui résistaient plutôt jusque-là qui viennent de tomber", complète Lilian Renard.

Des secteurs traditionnellement acquis à la droite, où se manifeste "un mécontentement général" et "une lassitude de la politique au pouvoir, sans doute". C'est aussi, selon rédacteur de Tribune de Lyon, la conséquence d'''une stratégie de dédiabolisation et de normalisation au Rassemblement national qui a fonctionné".

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions