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L'Ain va suspendre la prise en charge des mineurs isolés étrangers pendant au moins trois mois

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Le conseil départemental déplore un manque de "capacités d'accueil et d'encadrement" et décrit une situation "plus tenable".

Le conseil départemental de l'Ain a annoncé la suspension début décembre "pour une période d'au moins trois mois" de la prise en charge des nouveaux mineurs étrangers non accompagnés (MNA), faute de "capacités d'accueil et d'encadrement".

"Arrivées directes, réorientations, contestation de majorité devant le juge des Enfants, maintien des jeunes majeurs dans le dispositif faute d'hébergement de droit commun, le dispositif explose", indique dans un communiqué daté de mercredi 29 novembre le département, après "une première alerte" en septembre.

"Malgré l'ouverture de plus de 150 places d'hébergement en 2023, le département ne dispose plus de solutions, ni temporaires, ni pérennes" pour les nouveaux jeunes migrants, souligne-t-il, le territoire étant "confronté depuis des mois à une augmentation massive d'arrivées" et à la "difficulté croissante" pour ses partenaires "de recruter des encadrants éducatifs formés" dans les structures de prise en charge.

252 arrivées directes depuis janvier

Parmi les 252 arrivées directes enregistrées depuis le mois de janvier (contre 131 pour l'ensemble de l'année 2022), "une accélération flagrante" s'est opérée depuis septembre avec une moyenne de 43 arrivées mensuelles contre 23 entre janvier et août, selon le Département.

La gestion des arrivées directes sera donc suspendue "à partir du 1er décembre 2023 et pour une période d'au moins trois mois", a décidé le président, Jean Deguerry (Les Républicains, LR), cité dans le communiqué, qui espère "toutefois, continuer à faire face aux réorientations de la cellule nationale du ministère de la Justice".

"Le département a consacré un budget de 5,6 millions d'euros aux mineurs non accompagnés en 2022. Les dépenses pour 2023 vont atteindre 7,7 millions d'euros et les projections pour le budget prévisionnel 2024 s'établissent à 8,7 millions d'euros", a ajouté l'élu, qui demande "solennellement au gouvernement de lui donner les moyens d'agir" au regard "de cette situation humainement intenable".

Car pour Jean Deguerry, c'est aussi "toute la protection de l'enfance qui est impactée", notamment pour "penser et développer des projets pour les familles et les enfants aindinois".

Contactée par l'Agence France-Presse (AFP), la préfecture de l'Ain n'a pas souhaité faire de commentaires.

Une situation "intenable"

Depuis 2013, dans le cadre de leur mission de protection de l'enfance, les départements ont la responsabilité de l'accueil, l'évaluation, l'hébergement et la prise en charge des MNA. Le mouvement migratoire, constaté notamment en Italie, provoque un afflux en France de mineurs isolés.

Avant l'été, plusieurs autres départements, également confrontés à un afflux de mineurs isolés étrangers notamment, avaient déjà alerté sur une situation "intenable".

En octobre, le conseil départemental du Territoire de Belfort, qui dit être confronté à une "saturation" de ses dispositifs de protection de l'enfance, avait annoncé qu'il allait plafonner la prise en charge des MNA.

F.B. avec AFP