"Ces voix apparues comme par magie": trois ans après le meurtre de sa fille à Lozanne, Benjamin réclame un procès

Depuis trois ans, Benjamin Bui se bat pour faire reconnaître la responsabilité de son ex-compagne dans le meurtre de leur fille. Le 12 novembre 2020, Estelle, 3 ans, a été poignardée de 350 coups de ciseaux. L'enquête a depuis conclu à un infanticide, mais la mère a été déclarée pénalement irresponsable de cet acte.
Une aberration pour Benjamin, qui a fait appel de cette décision et estime que son ex-compagne Sandra devrait être en prison.
Chaque jour, l'homme vient se recueillir sur la tombe de sa fille. Des peluches, des jouets, des bougies: la sépulture est garnie d'objets qui rendent hommage à l'enfant. Trois ans après la mort d'Estelle, la douleur est toujours vive. Chaque lieu rappelle à Benjamin un souvenir précieux avec sa fille.
"Elle a fait ses premiers pas en dehors de la maison ici, ses premiers tours de vélo", raconte-t-il au parc des Berges de Lozanne. "C'est un parc dans lequel j'ai des souvenirs, beaucoup d'émotion."
"Elle m'a dit 'c'est toi qui a fait ça'"
Sa tristesse se couple aujourd'hui à de la colère. Benjamin réclame justice envers son ex-compagne. En 2020, avant la mort d'Estelle, le couple allait se séparer après 12 ans de vie commune. Le matin du crime, la mère a affirmé avoir entendu des voix et trois expertises psychologiques effectuées durant l'enquête ont conclu qu'elle n'était pas consciente de ses actes.
Une version contestée avec ferveur par Benjamin Bui. "Quand je suis rentrée dans la chambre et que j'ai ouvert la porte, j'ai été foudroyé de peur", se remémore le père, encore très ému.
"Elle a tourné la tête vers moi et elle m'a dit 'c'est toi qui a fait ça, t'as voulu nous séparer'."
Benjamin n'a pas de doute sur le fait que Sandra était consciente de son geste. "Elle a tout de suite avoué aux gendarmes et aux pompiers. Ce n'est que quatre mois après, au cours de l'instruction à son audition chez le juge, qu'elle a commencé à parler de voix."
"Ces voix sont apparues comme par magie. Je pense qu'elle a été bien conseillée."
Sandra est actuellement internée à l'hôpital psychiatrique du Vinatier à Bron, et la plus grande peur de Benjamin est qu'elle soit à nouveau libre prochainement. Il veut que la justice la condamne à une peine de prison ferme. La décision d'un procès est aujourd'hui dans les mains de la chambre d'instruction.