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Affaire du père Ribes: la mairie de Givors refuse de retirer les vitraux du prêtre accusé d'abus sexuels sur mineurs

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La municipalité rejette les demandes des associations de victimes, qui s'insurgent de la décision.

Pour la mairie de Givors, ce n'est pas une raison pour les retirer. Les vitraux de la chapelle Saint-Martin de Cornas réalisés par feu le père Louis Ribes, accusé d'abus sexuels sur mineurs dans les diocèses de Lyon, Grenoble et Saint-Etienne, ne seront pas ôtés de l'édifice religieux. Ce dernier est géré par la commune.

L'édile (EELV), Mohammed Boudjellaba, refuse catégoriquement de faire déposer les vitraux. Une décision que l'élu justifie, dans les colonnes de nos confrères de Lyon Capitale, par la nécessité de "dissocier l'oeuvre de l'homme".

"Nous avons regardé si dans les vitraux il n’y avait pas la représentation d’enfants, ce qui n’est pas le cas à Givors. S’ils étaient offensants, je partagerais le point de vue de les faire retirer", assure l'élu auprès de nos confrères.

D'aucuns s'interrogent par ailleurs sur le fait que l'association qui s'occupe de l'entretien de la chapelle est présidée par Solange Fornengo, adjointe à la mairie de Givors chargée du patrimoine.

"C'est insupportable"

Les propos du maire sont jugées comme particulièrement choquants par les victimes présumées de l'homme d'église. "Pour nous, ce n'est pas de l'art. C'est un mobile qu'il avait pour violer des enfants et pour nous, c'est insupportable", a déclaré Arnaud Gallais, porte-parole de l'association BeBrave, au micro de BFM Lyon.

"On a pas besoin d'attendre que les victimes viennent quémander quelque chose qui semble tout à normal pour tout le monde, mais simplement que l'on respecte les victimes, que ces victimes puissent être apaisées, sereines, et que donc, de manière logique, on fasse les choses dans ce sens-là", a-t-il ajouté.

Le mouvement BeBrave France, aux côtés du collectif des victimes de Louis Ribes, milite depuis plus d'un an pour le retrait des oeuvres du prêtre, disséminées dans les départements du Rhône et de la Loire.

Au moins 48 victimes

Les trois diocèses de la région -Lyon, Saint-Etienne et Grenoble-Vienne- ont recensé une série d'agressions sexuelles sur mineurs commises dans les années 1970-80 par le père Ribes, mort en 1994.

Ils s'étaient alors engagés à retirer les vitraux en janvier 2022. "Par respect pour les victimes, les oeuvres du père Ribes [...] seront progressivement déposées et remisées", avaient-ils indiqué dans un communiqué.

Plusieurs communes de la région, à la demande des victimes, se sont elles-aussi déjà exécutées, ou promettent de s'éxecuter. C'est notamment le cas de Charly et Loire-sur-Rhône.

Au moins 48 témoignages de victimes de l'homme d'église ont été recueillis. En 2021, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise estimait à environ 216.000 le nombre de victimes de pédophilie par des prêtres et religieux en France.

Sarah Boumghar