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Gel, saisie... l'immobilier de luxe va-t-il souffrir des sanctions contre les oligarques russes?

Les grands réseaux immobiliers haut de gamme réagissent aux annonces de sanctions contre des oligarques russes.

Alors que Bruno Le Maire a annoncé vouloir non pas geler, mais saisir les avoirs des oligarques russes, soit environ 500 noms, pour sanctionner la guerre menée par Poutine en Ukraine depuis une semaine, les grands patrons de réseaux spécialisés dans l'immobilier de luxe prisé par la clientèle internationale réagissent. Car en matière de bien immobilier, la saisie n'est pas si simple à mettre en œuvre. "Dans le cas d'un gel, c'est assez standard. En revanche, saisir complètement le bien immobilier me semble peu probable, car nous sommes dans un état de droit et il n'est pas si simple d'exproprier", explique Laurent Demeure, président et CEO du réseau Coldwell Banker.

Des acquéreurs de plus en plus rares

Et si les acquéreurs russes ont presque disparu depuis le début de la crise sanitaire, ils étaient très présents sur certains marchés, comme Courchevel, Saint-Jean-Cap-Ferrat ou encore Antibes. "Sur ces micro-marchés, cela pourra tout de même avoir un impact, car les propriétaires russes détiennent une part significative des propriétés et les transactions se faisaient souvent entre eux. Dans ces zones, on peut anticiper un blocage", ajoute Laurent Demeure.

De son côté Thibault de Saint Vincent, Président de BARNES estime que l'impact restera faible, avec une majorité de vendeurs d'origine russe à la marge. "Nos relations sont limitées, environ une dizaine de vendeurs pour des ventes au dela de 5 millions ce qui n'est pas le coeur de notre activité".

Et les sanctions ne datent pas d'hier. "Il faut remettre les éléments en perspective, il existait déjà des sanctions contre le Kremlin depuis 2014, et nous avions déjà vu diminuer drastiquement la part de notre clientèle russe, de l'ordre de 50 à 60%. De plus, nous avons des obligations légales fortes, notamment avec des vérifications via TRACFIN (un service gouvernemental de lutte contre le blanchiment d'argent, NDLR)", ajoute Alexander Kraft, PDG Sotheby’s Realty France.

"La majorité des transactions dans le très haut de gamme se font via des sociétés et les démarches obligatoires sont faites dans les règles par les notaires et les agences", poursuit-il.

D'autres conséquences pour l'immobilier

En revanche le gel des avoirs pourrait avoir un impact sur la gestion des biens immobiliers déjà acquis, notamment sur le paiement des charges de copropriété ou encore des salaires des employés de villa de luxe. "La situation va en revanche impacter d’autres nationalités, notamment les acquéreurs chinois qui venaient placer dans les pays de l’Union européenne, car ils y voyaient une sécurité en cas problème politique", poursuit Laurent Demeure.

"L'attentisme préside. Pour l’instant notre bureau à Moscou nous informe d'une suspension des transactions sur place, mais l'agence reste ouverte et il y a toujours des visites. L'arrêt des combats ou un début de processus politique pourrait avoir un impact, mais pour l'heure il est trop tôt pour comprendre le véritable impact des sanctions et de la guerre", conclut le président de Barnes.

Marion Marten-Pérolin