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"Une véritable omerta": la CGT s'interroge sur les droits d'ouvriers asiatiques missionnés à Lumbres

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Une centaine de personnes se sont rassemblées ce jeudi 12 juin à Lumbres (Pas-de-Calais) à l'appel de la CGT pour manifester devant la cimenterie de Lumbres. Le syndicat réclame la transparence de la direction sur le recours à près de 300 ouvriers asiatiques pour construire un four bas carbone.

Une manifestation s'est déroulée en milieu de journée ce jeudi 12 juin devant la cimenterie de Lumbres dans le Pas-de-Calais à l'appel de la CGT. Ce rassemblement avait pour propos de dénoncer l'opacité régnant autour du recours de la société à des ouvriers asiatiques pour participer à la construction d'un four bas carbone.

"Ce qui nous pose problème, ce ne sont surtout pas les travailleurs chinois ou qui viennent de Chine, dont on ne sait pas exactement la nationalité", précise Jean-Pascal François, cadre cégétiste au micro de BFM Grand Lille.

"Ce qui nous pose problème c’est de savoir quelles sont leurs conventions collectives, leurs salaires, leur droit du travail, est-ce qu’ils cotisent à la Sécurité sociale? Est-ce qu’ils cotisent aux caisses de retraite? Tout ce qui, nous, nous garantit un système social élevé", ajoute-t-il.

Plus de 48 heures par semaine

Ces 250 à 320 travailleurs d'origine asiatique sont arrivés au compte-goutte depuis cet hiver. Ils sont missionnés pour deux ans et participent au programme K6 qui consiste à doter Eqiom d'un nouveau four de cuisson de clinker, un constituant de ciment qui était exclusivement importé jusqu'à présent.

La CGT s’inquiète des conditions de travail de ces travailleurs étrangers. Selon les syndicalistes, ces ouvriers travaillent du lundi au samedi, plus de 48 heures par semaine. Le cadre légal impose un maximum de 48 heures pendant douze semaines. Interrogée par les représentants syndicaux, la direction ne leur a pas répondu sur la nature des contrats de travail et du régime social appliqué. "C'est une véritable omerta", dénoncent-ils.

Isolement des ouvriers logés en camping

Ces soupçons sont exacerbés par le fait que les 140 employés permanents de la cimenterie ne voient jamais leurs collègues sur site car ils travaillent dans une zone cloisonnée.

Par ailleurs, la CGT s'interroge sur leurs conditions de vie. Logés dans trois campings environnants, les syndicalistes évoquent des suroccupations, l'absence de familles ou de moyens de profiter de leur temps libre.

De son côté, la direction assure dans un communiqué que "le projet K6 est réalisé dans le strict respect de l'ensemble de la législation française, y compris en matière de droit du travail et des valeurs de l’entreprise". Elle précise que "les derniers contrôles effectués par les autorités compétentes attestent aussi du respect du droit du travail".

Anne Dufort Cornilliet avec Florent Bascoul