Traversées de la Manche: Gérald Darmanin appelle la Grande-Bretagne à "changer sa législation"

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin lors d'une conférence de presse sur le dispositif de sécurité prévu pour les célébrations des 13 et 14 juillet, le 12 juillet 2023 à Paris. - Bertrand GUAY
Il appelle à la collaboration entre l'Union européenne et la Grande-Bretagne sur la question migratoire. Dans un entretien accordé à nos confrères de La Voix du Nord juste avant sa rentrée politique, Gérald Darmanin s'est exprimé sur les traversées illégales de la Manche, au cours desquels des migrants risquent leur vie dans des embarcations précaires pour espérer rejoindre les côtes britanniques.
Gérald Darmanin pointe notamment la responsabilité de la Grande-Bretagne dans une situation qui ne pourra selon lui pas être "résolue tant [qu'elle] ne prendra pas des dispositions pour permettre un flux migratoire normal".
"Nous tenons la frontière pour elle"
Le ministre de l'Intérieur évoque notamment le refus de la Grande-Bretagne de laisser les migrants entrer sur son territoire afin de déposer une demande d'asile, là où "n'importe quel autre pays du monde" autorise les réfugiés en situation irrégulière à pénétrer sur leur sol.
"La Grande-Bretagne ne le fait pas, puisque nous tenons la frontière pour elle", affirme-t-il à La Voix du Nord.
Gérald Darmanin appelle ainsi la Grande-Bretagne à "changer sa législation et interdire le travail irrégulier" afin de mettre fin aux traversées illégales qui continuent encore de se solder par des drames, comme le 12 août dernier, où six exilés afghans sont morts dans le naufrage d'une embarcation.
"Londres et Bruxelles doivent travailler ensemble, sortir de la querelle du Brexit pour trouver des solutions", conclut le ministre de l'Intérieur.
"20% de départs en moins" vers la Grande-Bretagne
Ce dernier note toutefois une baisse du nombre de traversées, notant "20% de départs vers la Grande-Bretagne en moins". Il y a quelques jours, la préfecture des Hauts-de-France affirmait à l'AFP que "16.659 migrants ont réussi la traversée" entre janvier et mi-août, "contre 20.119 sur la même période en 2022".
De son côté, le vice-président des Hauts-de-France avait, au lendemain de la mort des six Afghans, souligné une augmentation du nombre de traversées avec le retour du beau temps.
"On avait vu tout au long de la côte un accroissement. (...) Je pense que les passeurs ont profité du beau temps pour lancer ce matin de très nombreux bateaux", avait affirmé Franck Dhersin, insistant sur le fait qu'il s'agissait d'un "problème international et européen".
Depuis 2018, plus de 100.000 migrants ont traversé illégalement la Manche à bord de petites embarcations, selon un décompte effectué vendredi par l'AFP à partir des chiffres officiels britanniques.