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Traversée de la Manche: ce que l'on sait de la mort de quatre migrants au large de Boulogne-sur-Mer

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Quatre migrants sont morts noyés lors d'une tentative de traversée de la Manche dans la nuit de jeudi 11 à vendredi 12 juillet. 56 autres ont été secourus au large de Boulogne-sur-Mer à bord d'une embarcation en difficulté.

Quatre migrants sont morts au large de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) lors d'une tentative de traversée de la Manche dans la nuit de jeudi 11 à vendredi 12 juillet, indique la préfecture maritime.

D'autres migrants qui se trouvaient à bord de l'embarcation ont pu être secourus, mais neuf d'entre eux restent actuellement hospitalisés.

Le parquet de Boulogne-sur-Mer a ouvert une enquête pour homicides volontaires. La préfecture du Pas-de-Calais dénonce une nouvelle fois la responsabilité des réseaux de passeurs.

· Une embarcation en difficulté

Les autorités ont été alertées dans la nuit de jeudi à vendredi de la présence d'une embarcation clandestine dont des passagers se sont retrouvés à la mer au large de Boulogne-sur-Mer, après que l'un des boudins de l'embarcation s'est dégonflé.

Le patrouilleur de la marine nationale Cormoran et le navire de sauvetage Minck sont alors intervenus, soutenus par des moyens aériens.

"L'hélicoptère arrivé sur zone vers 5 heures va aider à localiser les naufragés dont certains sont à l'eau à la dérive et d'autres encore accrochés au boudin de leur embarcation disloquée", précise la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord dans un communiqué.

· Quatre migrants morts noyés

Au total, 56 migrants ont été secourus lors de cette intervention, mais quatre autres personnes n'ont pas pu être sauvées.

"L'hélicoptère et le PSP Cormoran localisent trois personnes inanimées à la dérive ainsi qu'une quatrième personne inanimée sur l'épave de l'embarcation de migrants", précise la préfecture.

Les quatre victimes ont été récupérées par l'hélicoptère, tandis que les 56 migrants secourus ont été ramenés à quai à Boulogne-sur-Mer. Neuf d'entre eux ont été pris en charge en urgence relative et se trouvent toujours hospitalisés ce vendredi, a précisé le préfet du Pas-de-Calais.

· Une enquête ouverte pour homicides volontaires

Le parquet de Boulogne-sur-Mer a ouvert une enquête pour homicides volontaires. Le préfet du Pas-de-Calais, Jacques Billant, dénonce les agissements des réseaux de passeurs qui opèrent pour organiser ces traversées illégales de la Manche.

"Je le redis avec la plus grande force, ce sont des réseaux criminels qui font courir des risques inconsidérés aux populations migrantes, car prendre la mer dans un bateau surchargé, avec des conditions météo particulièrement défavorables comme celles de ce matin, c’est assurément risquer la mort", a-t-il déclaré ce vendredi matin.

De son côté, le président de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) de Boulogne-sur-Mer dénonce une situation qui "n'évolue pas" et qui "pire, s'amplifie", avec de plus en plus de tentatives de traversées de la Manche, et des embarcations de plus en plus surchargées.

· Des tentatives des traversées en hausse

La mort de ces quatre personnes porte désormais à 20 le nombre de personnes mortes en tentant de rallier le Royaume-Uni depuis le début de l'année, ont indiqué les autorités. Le préfet précise qu'un deuxième bateau a été secouru vendredi, parti du Touquet avec 40 migrants à bord.

Le 23 avril dernier, cinq migrants sont déjà morts au large de Wimereux en tentant de traverser la Manche sur une embarcation. Cela avait également déjà été le cas en janvier dernier.

Au total, plus de 12.300 migrants ont rejoint clandestinement les côtes anglaises en 2024, soit une hausse de 18% par rapport à la même période sur l'année précédente. Parmi les personnes tentant de traverser la Manche, 3.000 ont été secourues par les forces de sauvetage franco-britanniques.

La préfecture maritime rappelle que la Manche est un secteur maritime particulièrement dangereux car elle est l'une des zones les plus fréquentées au monde, mais aussi car les conditions météorologiques y sont souvent difficiles.

Jérémy Mahieux avec Laurène Rocheteau et AFP