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Carnaval de Dunkerque: Claude II, la première femme tambour-major de Fort-Mardyck, va ranger son costume

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Marie-Claude Vankemmel est le tambour-major de la bande de Fort-Mardyck à Dunkerque. Elle a été intronisée en 1991 et c'est la première femme de l'histoire à avoir pu atteindre ce titre. Après 33 ans de carnaval, de souvenirs et de bande, Marie-Claude a décidé de ranger le costume. Elle laissera place ce samedi 18 janvier à un nouveau tambour-major pour son intronisation.

Au fond de son placard, soigneusement rangé, Marie-Claude, dite Claude II, tambour-major de Fort-Mardyck son costume du Premier Empire. Il a été fait sur mesure et ne le porte que pour les grandes occasions.

Une maison aux allures de musée

"Là c'est la canne, moi c'est une légère parce que je suis une femme mais pas que: c'est aussi un cadeau du tambour-major de Dunkerque", partage Marie-Claude Vankemmel devant la caméra de BFM Grand Littoral, alors que le carnaval de Dunkerque a débuté il y a quelques jours.

"Le pommeau c'est de l'ivoire, c'est le symbole du tambour-major. On prête serment le jour où on reçoit la canne, on ne doit la remettre à personne, c'est personnel", fait savoir Marie-Claude.

Comme le chef d’orchestre et sa baguette, la canne permet au tambour-major de diriger la quarantaine de musiciens de la bande. Marie-Claude a été intronisée en 1991, alors après 33 ans de carrière, l’intérieur de sa maison a des allures de musée.

Elle y a entreposé les photos des membres de la "confrérie", au fil des années. "Tous les ans on va à Grande-Synthe pour l'affiche du carnaval", explique Marie-Claude.

Se faire respecter dans un milieu très masculin

Être tambour-major, c’est avant tout faire partie d’une confrérie, un cercle très fermé d’une trentaine de personnes. Chose extrêmement rare à l’époque, Marie-Claude est la première femme à accéder à ce grade.

Une petite révolution, car le poste était uniquement réservé aux hommes. Marie-Claude a dû faire ses preuves pour convaincre ses pairs. "Quand je suis arrivée on m'a dit 'ah tambour-major en rouge à lèvres ça ne s'est jamais vu'. Donc j'ai dit à mon mari tout de suite 'bah maintenant il faudra compter sur moi'", se souvient Marie-Claude.

"Oh tu tiendras un an ou deux", lui avait répondu un autre tambour-major de la confrérie à l'époque. "Il s'amusait même à faire des paris. Et bien il a perdu", en rigole la tambour-major.

"Pour moi je représentais toutes les femmes. Parce que c'est difficile pour les femmes de s'imposer dans le carnaval en tant que tambour-major. Mais pour moi ça c'est toujours bien passé... 33 ans de bonheur", sourit-elle.

Durant toutes ces années, sa fonction lui a permis de voyager un peu partout en France: Paris, Nice, la Normandie. D’aussi loin qu’elle se souvienne, cette passion pour le carnaval, Marie-Claude l’a toujours eue.

"Ma maman faisait carnaval, ma grand-mère faisait carnaval, mon grand-père était musicien, mon père musicien, ma tante a relancé le carnaval de Fort-Mardyck", explique-t-elle.

Une passion commune qu’elle partage depuis 25 ans avec son mari Patrice. "C'est impressionnant. Au début j'imagine que c'était compliqué. Mais ils ont dû faire avec et elle a dû faire avec tout le monde, parce qu'il faut avoir du caractère quoi", souligne Patrice.

Un dernier tour samedi

Une histoire bientôt terminée. À 67 ans, Marie-Claude a décidé de raccrocher le costume, comme elle aime le dire, pour laisser place à la jeunesse. "C'est très physique. Pour une femme je ne vous dis pas. Marcher trop longtemps, ça ne m'allait plus. Faire du statique c'était terrible et puis le vertige qui commençait à me gagner", indique Marie-Claude.

"Sur scène j'avais très peur d'être sur le bord, j'avais peur de tomber. Alors pendant mes deux dernières années, je me tenais à mon cantinier, mais ce n'est pas une solution. Je reculais toujours l'échéance mais je me suis dis 'non Marie faut arrêter, il faut passer la main'", poursuit-elle.

En fin de semaine, Marie-Claude endossera une dernière fois son costume pour l’intronisation du nouveau tambour-major, choisi par le maire de Fort-Mardyck. Un moment qui restera gravé dans sa mémoire.

La tambour-major profitera de son temps libre pour se consacrer à ses 8 enfants et 21 petits-enfants.

Clément Kaminski avec Alicia Foricher