Bénévole britannique violenté à Calais: un CRS condamné, ses deux subordonnés relaxés

Le parquet de Boulogne-sur-Mer avait requis en juin un an d'emprisonnement avec sursis et cinq ans d'interdiction d'exercer contre le brigadier-chef. (Photo d'illustration) - AFP
Un CRS a été condamné ce jeudi à 18 mois de prison avec sursis et deux ans d'interdiction d'exercer pour avoir agressé un bénévole britannique à Calais en marge d'une évacuation de migrants et falsifié son procès-verbal, tandis que ses deux subordonnés ont été relaxés.
Le parquet de Boulogne-sur-Mer avait requis en juin un an d'emprisonnement avec sursis et cinq ans d'interdiction d'exercer contre le brigadier-chef. Et six mois de prison avec sursis et une interdiction d'exercer pendant un an contre les deux autres, soupçonnés d'avoir modifié leurs témoignages pour corroborer celui de leur chef.
Le bénévole interpellé puis relaxé
Le 31 juillet 2018, les trois CRS, des compagnies 40 et 61, participaient à une opération d'évacuation de migrants sous un pont à Calais, point de passage vers l'Angleterre.
Dans son PV d'interpellation, le brigadier-chef affirmait que des associatifs britanniques "véhéments" s'en étaient mêlés, et qu'il avait, "dans un réflexe de défense", repoussé l'un deux, Tom Ciotkowski, qui tombe et l'"entraine avec lui au sol".
Les deux PV de témoignages d'un brigadier et d'un gardien de la paix, qui était lui dans le fourgon au moment des faits, corroborent ses déclarations.
Le bénévole de Help Refugees est interpellé, renvoyé pour outrage et violences sur policier et finalement relaxé en 2019 grâce à des vidéos prises par des associatifs qui contredisent les dires des fonctionnaires.
Un blâme pour l'un des subordonnés
Sur la base du rapport de l'IGPN, le parquet avait renvoyé en correctionnelle les trois fonctionnaires, tous pour faux en écriture publique et le brigadier-chef pour violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique sans ITT.
Sur les vidéos diffusées à l'audience en juin, on voit Tom Ciotkowski bousculé par le brigadier-chef et tombant, seul, sur la route par dessus la glissière, au moment où passe un camion.
"Quand on est au parquet, on doit être en mesure d'avoir des PV clairs, objectifs" et pouvoir avoir "confiance", avait souligné la procureure Dorothée Perrier, disant avoir la "désagréable impression" que les PV, "dont le contenu ne correspond pas du tout à la vérité", "c'est pour couvrir des violences et justifier une interpellation intempestive".
L'un des deux subordonnés a eu un blâme, l'autre n'a pas été sanctionné, et le brigadier-chef est passé en conseil de discipline qui a proposé une semaine d'éviction.