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"Violeur de la Sambre": le tribunal tente de cerner la personnalité de Dino Scala

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Lundi, devant la cour d'assises du Nord à Douai, le tribunal a tenté de cerner la personnalité de l'homme soupçonné d'avoir violé et agressé sexuellement une cinquantaine de victimes, parfois mineures.

Qui est vraiment Dino Scala? Lundi, la personnalité du “Violeur de la Sambre”, soupçonné d’avoir commis 56 viols, tentatives de viols, agressions et agressions sexuelles entre 1988 et 2018 dans le Val de Sambre, a été disséquée devant la cour d’assises du Nord à Cambrai.

Une personnalité teintée d’ambivalence. "Vous avez un homme qui d’un côté est décrit comme merveilleux, formidable, un père extraordinaire et de l’autre coté capable de comportement déviants, extrêmment violent à l’égard des femmes", a résumé Me Margaux Mathieu, avocate de Dino Scala, en fin d'audience.

"Ce n'est pas le Dino que je connais"

En début de matinée, l’actuelle épouse de l’accusé de 61 ans s’est avancée à la barre du tribunal, la tête baissée, cachée sous une frange noire. Ces viols et agressions sexuelles, "ce n’est pas le Dino que je connais”, explique-t-elle. Son Dino à elle, "faisait tout, il travaillait comme un malade”, "ne profitait de rien”, s’occupait de sa mère et son beau-père malade, égrène-t-elle.

Celle qui est la deuxième épouse de l’accusé, qui a reconnu une bonne partie des faits, dépeint un papa doux et aimant. "Fusionnelle": c’est ainsi qu’un des enfants, nés de la seconde union de l’accusé, décrit sa relation avec son père.

"Mes enfants ont eu une très belle enfance", assure l’épouse de l’accusé. Elle assure que Dino Scala ne supportait pas la violence sur les enfants.

Murmures dans les rangs des parties civiles. Cette phrase, celle d’une épouse qui n’a "jamais rien soupçonné” et qui "n’arrive pas à comprendre”, d’après ses mots, interpelle. En effet, parmi la quinzaine de plaignantes présentes, certaines étaient adolescentes au moment des faits.

Des "flashs" d'attouchements

Son "Dino” ne semble pas avoir toujours été un papa poule, d’après l’enquêtrice de personnalité. L’accusé n’a d’ailleurs conservé aucun contact avec ses enfants nés de sa précédente union, rapportent nos confrères de La Voix du Nord.

Face au tribunal, l’enquêtrice s’arrête sur les propos tenus par sa première fille. Elle évoque "des flashs” d’attouchements de la part de ce dernier. Des propos nuancés depuis par la principale intéressée, tempère l’avocate de l’accusé.

Côté pile, Dino Scala serait ici "bon père dévoué". Là, un gendre qui "prenait soin” de son beau-père. Un meilleur ami aussi, qui organisait avec plaisir des évènements au club de foot ou bien de VTT, rapporte au bord des larmes, Richard, son meilleur ami.

"J'ai senti les draps se soulever"

Côté face, L’accusé serait "un prédateur sexuel” qui a d’ailleurs évoqué son "instinct chasseur, prédateur", au premier jour du procès devant la cour d’assises du Nord. Lundi, le témoignage de la soeur de la première femme de Dino Scala a confirmé cette part de sa personnalité et fait volé en éclats le portrait assez élogieux dressé par la famille de l’accusé.

A la barre, elle revient sur cette nuit de novembre 1986, explique La Voix du Nord. Ce soir-là, la jeune femme dort chez sa mère. Dino Scala passe voir sa belle-mère et sa belle-soeur avant de rentrer chez lui. "Puis nous nous sommes couchées avec ma mère dans des chambres différentes, explique-t-elle. Dino avait les clés de la maison. Pendant la nuit, j’ai senti une présence, j’ai senti que les draps se soulevaient.”

Une introduction que Dino Scala reconnaît pour la première fois en 30 ans. "Ce n’était pas dans l’idée d’une agression sexuelle (...) Ce n’était pas pour faire peur. C’était pour me faire passer pour son mari.” Une autre de ses ex-belles soeurs l’accuse également d’avoir versé de la drogue dans un yaourt qu’il lui avait déjà ouvert. Une accusation que le prévenu a réfuté.

Ce mardi, la partie civile doit être entendue sur les faits qui sont reprochés à Dino Scala. L'accusé encourt une peine de 20 ans de réclusion criminelle.

Une enfance marquée par les violences?

Dino Scala aurait baigné dans les violences dès son plus jeune âge. La soeur de l'accusé aurait dénoncé des agressions sexuelles incestueuses de la part de son père.
L'avocate de la défense a d'ailleurs cité le témoignage du médedin de sa soeur. Dans ses auditions, le maire d'une commune sambrienne évoque lui aussi ses fortes suspicions d'agressions dans le huis clos familial, écrit La Voix du Nord. "Tout le monde savait, assure l'avocate de Dino Scala.

La famille était sous l'emprise du père et en avait peur. Dino Scala était lui aussi terrorisé." Son actuelle épouse a tenté de faire réagir son époux, lui demande de "rompre le silence maintenant. Oui tu vas payer pour le mal que tu as fait à ces personnes, mais il faut que tu brises l'omerta qui règne dans la famille Scala".

Ce lourd secret familial, la mère de l'accusé peine à le reconnaitre. La vieille dame, trop agée pour comparaître, a adressé une lettre. Au tribunal, ses déclarations sidère, rapporte Le Parisien. "Ca se peut". "Ca me semble drôle que ça ait pu se passer", "je ne le voyais pas comme ça", a-t-elle dit aux policiers qui l'ont questionnée sur le viol de sa fille. Un secret que la jeune femme a partagé à ses frères, dont Dino Scala. "C'était violent. A l'âge de 10 ans, je l'ai dit à mes frères. Ils n'ont même pas relevé la tête", a-t-elle expliqué à la barre du tribunal, lundi.

Charlotte Lesage avec AFP