Nord: un site internet de "dons" de sperme illégal fermé par la gendarmerie, l'administrateur interpellé

Gendarmerie, illustration. - GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
Un site internet mettant en relation des donneurs et receveur de gamètes (sperme) a été fermé ce jeudi 5 juin et son administrateur interpellé par les gendarmes de la Section de recherches de Lille, a appris BFMTV auprès de la gendarmerie.
Un site qui exploitait des "situations de vulnérabilité"
En avril dernier, les gendarmes du Centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N) de la section de recherches de Lille découvrent, dans le cadre de leur veille numérique, un site internet permettant de mettre en relation des donneurs de gamètes et des receveuses, de façon informelle, et en dehors de tout cadre juridique autorisé.
Utilisé par plus de 7.000 membres, "ce site exploitait la situation de vulnérabilité de receveuses qui recouraient à des dons sauvages afin de pallier des délais d’attente parfois longs", explique la gendarmerie.
Comme sur un site de rencontre, les membres de la plateforme devaient s'inscrire, se créer un profil avec une description physique, avant de pouvoir choisir des donneurs et de discuter avec eux.
"Au-delà de contourner les délais assez longs de dons de sperme, ce site permettait de contourner l'anonymat du système CECOS (Centre d'Etude et de Conservation des Œufs et du Sperme humains) et donc de "choisir" les caractéristiques physiques du futur enfant", explique à BFMTV l'adjoint à la Section de recherches de Lille, le lieutenant-colonel Audon.
Dédommagement financier et relations sexuelles
Après une prise de contact sur le site, le donneur et le receveur se rencontraient pour matérialiser le don de gamètes, souvent complété par un dédommagement financier de quelques dizaines d'euros.
Si les donneurs pouvaient donner leurs gamètes pour insémination, certains utilisateurs n'hésitaient pas à profiter de cette plateforme pour avoir des relations sexuelles. "C'est le cas de l'administrateur du site qui a déclaré avoir eu des relations sexuelles dans le cadre de cette activité", poursuit le lieutenant-colonel Audon.
L'administrateur du site, lors de sa garde à vue, a reconnu son "désir de paternité, sans avoir à l'assumer". Ce dernier a été interpellé ce jeudi 5 mai en région parisienne, à l'issue des 2 mois d'enquête réalisée par la dizaine d'enquêteurs de la section de recherches de Lille. Il a été placé en garde à vue pour avoir "exploité la vulnérabilité des victimes et perçu diverses rémunérations" grâce à son site internet. Mais l'aspect financier n'était pas sa principale motivation, a indiqué le mis en cause lors de son audition.
Selon les enquêteurs, l'homme - âgé d'une petite quarantaine d'années - a reçu des "dons" en cryptomonnaies sur son site internet, et avait, pendant un temps, mis en place un abonnement payant pour accéder à sa plateforme. Une souscription qui aura été de courte durée et dont les montants perçus étaient "peu importants", toujours selon les gendarmes. L'homme percevait, à l'instar des autres utilisateurs, des "dédommagements" au titre de ses propres dons.
Risque sanitaire
"Cette enquête judiciaire vient souligner la nécessité impérieuse pour les potentielles receveuses de recourir au cadre légal de l’AMP, garantissant en France la sécurité des bénéficiaires et la traçabilité des dons. La pratique non encadrée du don de gamètes peut exposer les parties concernées à de multiples dangers (risques sanitaires, de consanguinité, génétique…) et à des comportements abusifs (infractions à caractère sexuel)", souligne la gendarmerie nationale.