Suicide d'une lycéenne transgenre à Lille: la responsabilité de l'établissement en question

Le lycée Fénelon, à Lille. - Capture d'écran Google Maps
Fouad, lycéenne transgenre de 17 ans scolarisée au lycée Fénelon de Lille, s'est suicidée mercredi. Après l'annonce de la mort de l'adolescente, une vidéo la montrant en train d'échanger vivement avec une membre du personnel de l'établissement a été diffusée sur les réseaux sociaux.
"Mais je comprends ton envie de liberté, je comprends d'être toi-même, ça je le comprends très bien! Et tout ça justement c'est fait pour t'accompagner au mieux, c'est ça que tu comprends pas! Parce qu'encore une fois il y a des sensibilités qui ne sont pas les mêmes, à différents âges, tout simplement. Des éducations qui ne sont pas les mêmes", peut-on entendre de la part de l'interlocutrice de Fouad.
"Mais c'est eux qu'il faut éduquer", répond l'élève. "Je suis d'accord", assure la membre du personnel. "Je ne vois pas le problème", conclut Fouad.
Exclue parce que l'établissement ne voulait pas qu'elle porte de jupe?
A l'origine de cet échange houleux: la jupe que portait Fouad ce jour-là au lycée, que l'on voit à la fin de la vidéo. Ce 3 décembre, l'adolescente aurait d'ailleurs été exclue de l'établissement, ce dernier jugeant qu'elle n'aurait pas dû porter de jupe, selon les informations de BFM Grand Lille.
Jean-Yves Guéant, président de la Fédération des conseils de parents d'élève (FCPE) du Nord, a également confirmé à l'Agence France-Presse (AFP) que l'élève avait été renvoyée chez elle début décembre car elle portait une jupe.
L'établissement accompagnait Fouad, selon le rectorat
Mais "aucun élément, à ce jour", ne permet de lier ces faits, au suicide de l'élève, "qui vivait par ailleurs dans un foyer de l'ASE" et avait d'autres "difficultés", a précisé Jean-Yves Guant. Ce dernier explique également qu'une discussion a par la suite eu lieu entre Fouad, sa famille et la direction, et que l'affaire était apparemment "résolue".
En réaction au suicide de la jeune fille, l'Académie de Lille a publié un communiqué jeudi, faisant part de sa "tristesse" et expliquant que la situation familiale de l'adolescente était "complexe". Le rectorat assure également que le lycée Fénélon était "au courant du cheminement de l'élève et de sa volonté de changer de sexe", et que Fouad était accompagnée "dans sa démarche". En utilisant cependant des pronoms masculins pour parler de l'élève.
#JusticePourFouad
Sur les réseaux sociaux, la responsabilité de l'établissement dans le suicide de l'élève a tout de même été mise en cause. Nombreux sont les internautes à demander à ce que la lumière soit faite sur sa mort, via le hashtag #JusticePourFouad. Parmi eux, le député La France insoumise du Nord Adrien Quatennens, qui s'est exprimé jeudi sur Twitter:
"La disparition de Fouad, 17 ans, soulève les cœurs bien au-delà de Lille et du lycée Fénélon où elle était scolarisée. Cette adolescente transgenre y a subi la discrimination. Une enquête doit impérativement établir les responsabilités. Nous demandons la #JusticePourFouad", a écrit l'élu.
Une enquête a été ouverte pour tenter de déterminer les raisons qui ont poussé la lycéenne à mettre fin à ses jours.
Une cellule psychologique a été mise en place dans le lycée de Fouad pour aider les élèves à évoquer ce drame. Un rassemblement aura par ailleurs lieu ce vendredi devant le lycée, à 9h55, en hommage à l'adolescente.