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RER hors de Paris: le Réseau Express Grand Lille, un projet qui patine depuis des années

La gare de Lille-Flandres.

La gare de Lille-Flandres. - Phlippe Huguen - AFP

Le projet d'un RER qui relie Lille au bassin minier ne date pas d'hier. Lancé en 2010, avec l'ambition d'une mise en service en 2020, le réseau express grand Lille est pourtant loin d'être sur les rails.

Un RER bientôt lancé à Lille? Dimanche, dans une vidéo, Emmanuel Macron a indiqué sa volonté de déployer le RER dans dix grandes métropoles de France en plus de Paris, dont Lille.

Réponse immédiate de Franck Dhersin, vice-président de la région Hauts-de-France, en charge des transports: "Mr le Président, ces projets existent mais nous attendons depuis deux ans la signature des contrats de plan Etat-Région". Une référence au projet de Réseau Express Grand Lille (REGL), initié il y a plus de dix ans, mais qui n'a toujours pas abouti.

En octobre 2010, le Conseil régional Nord-Pas-de-Calais officialise son intention de relier rapidement la métropole lilloise au bassin minier pour désengorger l'autoroute A1, rapportaient à l’époque nos confrères des Echos. Le Réseau Express Grand Lille (REGL), un RER qui relie Lille au bassin minier, est lancé.

Ce RER comprend 10 à 12 rames qui desservent la ligne avec une fréquence de 17 minutes, et cinq minutes en heure de pointe. Il doit relier Lens-Liévin à la métropole lilloise, et desservir les gares de Douai, Béthune, Liévin, Hénin-Beaumont, Carvin voire Arras. Jusqu’à 50.000 voyageurs sont attendus chaque jour.

Ce chantier, estimé à 1,2 milliard d’euros, nécessite quatre années d’études et cinq années de travaux. L’échéance est fixée à 2020.

Les Verts dénoncent un chantier trop coûteux

Mais en 2015, les premières voix s’élèvent contre ce projet jugé trop coûteux, mal évalué et inutile. Notamment celles des Verts, portés par Sandrine Rousseau. "Le budget est sous-estimé: il ne comprend pas le doublement des gares traversées et a évalué les travaux à Lille-Flandres à 490 millions d’euros", fustige-t-elle à l'époque dans La Voix du Nord.

Le groupe politique s’inquiète d’une augmentation de "25 à 30%" des frais pour les usagers. Selon leurs calculs, le coût REGL frôle les 3 milliards d'euros, près de trois fois le budget initial.

Dans un entretien accordé à La Voix du Nord, le président de Région d’alors, Daniel Percheron, se défend et souhaite même un référendum. "Je pense qu’un projet aussi ambitieux nécessite un référendum dans l’aire urbaine centrale concernée soit 2,5 millions de personnes".

Xavier Betrand veut étendre le projet

Le projet est finalement mis en débat la même année auprès de la commission nationale de débat public, un organisme d’Etat chargé de mettre en débat les projets de plus de 300.000 euros qui ont un impact sur l’aménagement d’un territoire.

Deux ans plus tard, le projet reste pourtant encore au stade de projet. Et pour Xavier Bertrand, nouveau président de la Région, il doit être "modifié", rapporte La Voix du Nord. Depuis son lancement, des communes et collectivités intéressées se sont manifestées. Le président souhaite alors revoir les études pour "picardiser" le REGL.

En 2020, année de mise en route, initialement prévue, du RER Lille-Bassin minier, la situation n’a pas bougé d’un pouce. Pire, pour les usagers, la SNCF réseau annonce que ce Réseau Express Grand Lille ne fait tout simplement pas partie de ses priorités, comme l'expliquaient à l'époque nos confrères de France 3 Hauts-de-France. Les élus locaux et riverains, eux, attendent ce RER à grande vitesse.

Une pétition pour relancer le projet

"Sur le pôle métropolitain de l'Artois, 600.000 habitants, on est à trois-quarts d'heure de Lille. Aujourd'hui, dans l'aménagement du territoire sur lequel on se trouve, ce n'est pas une réponse satisfaisante", argue Sylvain Robert, maire socialiste de Lens, en 2020.

De son côté, le maire socialiste de Carvin, Philippe Kemel lance un appel pour relancer le Réseau Express Grand Lille à l’aide d’une pétition "Mobilisons-nous pour relancer le projet Réseau express Grand Lille".

"L’état de congestion des réseaux routiers et autoroutiers aux heures de pointe autour de Carvin est une préoccupation majeure pour nous habitants", avait-il précisé sur son site internet.

En 2021, le projet, qui s'étend désormais à l'ensemble de la Picardie, est inscrit dans le schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (SRADDET), rapporte La Voix du Nord. Maintenant, ne reste qu'à trouver des fonds.

Charlotte Lesage