Lille: une marche contre les lenteurs de la préfecture après la mort du bébé d'une réfugiée

Le centre hospitalier d'Armentières (illustration). - BFMTV
Plus de 300 personnes ont participé samedi à Lille à une manifestation pour réclamer "justice pour Fanta", fillette de trois mois décédée d'une intoxication au monoxyde de carbone, un drame qu'elles imputent aux lenteurs de la préfecture pour délivrer un titre de séjour à sa mère réfugiée.
Environ 330 personnes, selon la préfecture, ont défilé derrière la mère du bébé, Fatima, Ivoirienne de 26 ans qui a obtenu le statut de réfugiée en février 2022.
EDF avait réduit l'approvisionnement en électricité de l'appartement
Fanta est morte dans la nuit du 3 au 4 novembre après que sa mère a allumé un brasero au charbon pour chauffer le logement où se trouvaient aussi ses deux autres enfants.
EDF avait fortement réduit la puissance électrique en raison d'impayés, d'après les récits de la mère et de son avocate, Caroline Fortunato.
La jeune femme avait demandé une carte de résidente en juillet 2022 mais n'a obtenu une attestation qu'en octobre 2023 et était contrainte de mendier après avoir perdu ses droits au RSA et aux allocations familiales. Au moment du décès de Fanta, elle n'avait pas encore pu résorber sa dette auprès d'EDF, expliquent-elles encore.
Pour Me Fortunato, "c'est la première fois que la dématérialisation des demandes de titre de séjour tue".
"Son enfant est mort à cause d'un bug de plateforme"
L'Administration numérique pour les étrangers en France (Anef) a en effet dématérialisé ces démarches depuis 2020 avec l'objectif notamment de désengorger les préfectures, mais le système dysfonctionne et n'offre pas d'alternative en cas de problème, selon Me Fortunato.
Le récépissé de demande de sa cliente "était théoriquement disponible en ligne mais en fait n'était pas téléchargeable, donc son enfant est mort à cause d'un bug de plateforme".
Elle souligne que la préfecture n'a pas reçu Fatima, qui s'y était rendue physiquement. L'avocate compte demander une indemnisation et en cas d'absence de réponse du préfet, saisir le tribunal administratif. Sollicitée par l'AFP, la préfecture n'a pas donné suite
Une proposition de paiement de 20% de la dette
La direction d'EDF a confirmé avoir réduit à un "service minimum" l'électricité de la mère en raison d'impayés. Après un échange le 26 octobre, son service solidarité avait convenu avec elle qu'elle paie 20% de sa dette et retrouve un service normal mais "ce paiement n'a pas été possible et EDF a maintenu le service minimum".
Le délai de traitement des dossiers des étrangers a suscité des protestations ailleurs en France, comme en mai 2023 à Lyon. Dans les Bouches-du-Rhône, des associations ont saisi le tribunal administratif pour dénoncer l'absence d'alternative à la dématérialisation.