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L'université de Lille dans une "situation financière intenable" avant la rentrée

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Lors de la conférence de rentrée de l'institution, qui a eu lieu ce mercredi, son président Régis Bordet en a appelé à l'Etat pour faire face aux difficultés financières.

Une rentrée en demi-teinte pour l'Université de Lille. Alors que l'institution s'est hissée à la 379e place du dernier classement de Shanghai, qui recense les 1000 meilleures universités du monde, elle se heurte à d'importantes difficultés sur le plan économique.

Le contexte de crise actuel et l'inflation galopante, qui impliquent notamment de lourdes conséquences sur les prix de l'énergie, minent les finances de l'université. Lors de la traditionnelle conférence de rentrée, son président Régis Bordet n'a pas manqué d'évoquer le sujet.

"La situation financière de l'université est intenable"

"Là où nous pourrions nous réjouir de certains succès, eh bien malheureusement nous ne pouvons pas, tant un certain nombre de problèmes quotidiens occupent notre esprit", a-t-il déclaré ce mercredi. Selon lui, il manque 28 millions d'euros dans les caisses de l'établissement d'enseignement supérieur.

Le président estime le surcoût de l'énergie à 15 millions d'euros, et à la même somme le surcoût de la revalorisation du point d'indice. "La situation financière de l'université est intenable", s'est-il alarmé. Et pour faire face, il en appelle à l'Etat.

"Seuls, nous ne pourrons pas assumer l'entièreté du choc budgétaire [...] C'est le sens d'une demande de compensation, à la fois énergétique et du point d'indice. Et puis, il y a une spécificité lilloise, puisque nous observons que notre subvention pour charges de service public est inférieure à celle d'un établissement comparable, en l'occurence Aix-Marseille".

L'université dit, en outre, avoir engagé un assainissement structurel des finances, mener une réflexion autour de la baisse du chauffage et travailler sur un plan d'actions pluriannuel qui, "dans un contexte de forte hausse du prix de l'énergie et des matières premières", a pour objectif à la fois de réduire les coûts mais également de limiter l'impact environnemental.

Des bâtiments "vétustes"

Autre point abordé lors de la conférence de rentrée, la rénovation des bâtiments vétustes que compte l'université et dont le patrimoine s'étend à 655 mille mètres carré répartis sur plusieurs grands et petits campus.

Invité de BFM Grand Lille le 7 septembre dernier, Régis Bordet avait déjà mentionné ce thème: "Le patrimoine, sur certains secteurs, en particulier sur "Cité scientifique", est en état vraiment dégradé. Tous les soirs, on serre un peu les fesses parce qu'on a peur que les intempéries viennent encore le dégrader ".

Le montant estimé du coût des rénovations est estimé à 300 millions d'euros, dont 225 millions d'euros uniquement pour les bâtiments les plus détériorés. Le contexte inflationniste et l'évolution des normes, qui fait elle aussi monter les prix, ne permettent pas à l'université d'investir en l'état dans le domaine.

Des mesures de solidarité

Les étudiants, eux aussi, sont en proie aux soubresauts du contexte économique actuel. Alors qu'en cette rentrée 2022-2023, un sur deux est boursier, l'Université a mis en place plusieurs mesures afin de leur venir en aide.

Parmi ces dernières, la remise d'un chèque de 250 euros à ceux qui sont les plus fragiles économiquement, un "coup de pouce numérique" pour aider 345 étudiants, via le don d'un chèque de 400 euros, à se doter d'équipements numériques ou encore l'ouverture de trois nouvelles épiceries solidaires.

En 2021, le coût mensuel de la vie étudiante à Lille était estimé par l'Union nationale des étudiants de France (Unef) à 948,74 euros. Dans son enquête 2022, le syndicat évalue la hausse du prix de la vie étudiante à 6,47% sur l'ensemble du territoire national.

Sarah Boumghar