Guerre en Ukraine: le département du Nord suspend un prêt d'œuvres de Matisse à la Chine

Des œuvres du peintre français Henri Matisse au musée départemental Matisse du Cateau-Cambrésis, le 8 novembre 2019, à l'occasion de l'exposition "Devenir Matisse" organisée pour les 150 ans de la naissance de l'artiste. - DENIS CHARLET / AFP
Le département du Nord a annoncé vendredi la suspension sine die d'un prêt de 280 œuvres de Matisse à la Chine, au vu du contexte "de crise géopolitique" après l'invasion de l'Ukraine par la Russie et des "liens entre Pékin et Moscou".
"Initialement envisagée ces prochaines semaines, l'expédition d'œuvres d'Henri Matisse par le Département du Nord pour deux expositions à Pékin et à Shanghai courant 2022 est annulée et reportée à une date ultérieure", a indiqué le département dans un communiqué.
"Cette décision intervient dans le contexte de crise géopolitique déclenchée par la déclaration de guerre de la Russie à l'Ukraine et des liens politiques entre Pékin et Moscou", a-t-il expliqué.
"Pas contre la Chine"
Ces 280 œuvres appartenant au musée Matisse du Cateau-Cambrésis, "qui devaient partir début mars, sont estimées au total à 300 millions d'euros, et devaient être exposées à Pékin du 26 mars au 26 juin 2022, avant de partir à Shanghai à partir du mois de juillet", a précisé à l'AFP le président DVD du département, Christian Poiret.
"Aujourd'hui, nous ne parvenons pas à obtenir les visas pour pouvoir suivre les œuvres" sur la totalité de leur parcours, et "compte tenu de leur valeur patrimoniale", du "climat géopolitique, et de la proximité entre la Chine et la Russie, je ne peux pas prendre le risque", a-t-il affirmé.
"Ce n'est pas contre la Chine, c'est simplement qu'aujourd'hui je dois préserver le patrimoine français. (...) On ne sait pas où ce conflit s'arrêtera, et on n'a pas pour l'instant les garanties suffisantes" pour être "certains de récupérer" les œuvres, a-t-il ajouté.
Partenariat culturel interrompu
Le Département "ne s'interdit pas, dans un an ou deux, et je l'espère avant, quand tout sera apaisé, de les envoyer", a indiqué Christian Poiret, précisant que les services de la Drac (Direction régionale des affaires culturelles) étaient "tout à fait en phase avec cette décision".
Plus largement, "le partenariat culturel établi entre le Département du Nord et les établissements chinois est interrompu jusqu'à nouvel ordre", selon le communiqué du département.