"C'est important d'être là": après l’attaque à Arras, l’émotion et le recueillement au lycée Gambetta

"Je n’ai même pas eu le temps de lui dire au revoir". Dominique Bernard, un professeur de Français, est mort ce vendredi 13 octobre après avoir été poignardé au niveau de la carotide au lycée Gambetta-Carnot d’Arras par un homme de 20 ans fiché S pour radicalisation.
Depuis le début de la matinée, ce samedi 14 octobre, les élèves viennent se recueillir et rendre hommage à leur professeur au lycée Gambetta-Carnot, rouvert ce samedi aux enseignants et aux élèves, qui peuvent bénéficier d’une prise en charge à la cellule psychologique ouverte sur place.
"Je n’ai pas eu le temps de le remercier ce professeur pour toutes les années qu’il m’a accordées", rapporte une élève venue au petit matin, au micro de BFMTV.
"Je suis en colère"
"Je vois ça comme un symbole de venir lui dire au revoir devant le lycée", poursuit l’élève, gagnée par l’émotion.
Dominique Bernard était une "personne extraordinaire" et "toujours souriante" décrit son élève. "Qu’on ait des difficultés ou non, qu’on soit impliqué dans les lettres ou non, il était toujours là pour nous, tout le temps." Pour cette élève, Dominique Bernard est "vraiment un héros".
Camille, 17 ans, élève de première au lycée, à lui assisté à la scène de l'attaque. "C'est mieux de laisser le lycée ouvert, que tout le monde puisse venir, parler, pour faire son deuil", rapporte-t-il à l’AFP. Une façon de montrer qu'il faut "résister au terrorisme".
Les dépôts de fleurs se multiplient aux abords du collège-lycée Gambetta-Carnot ce samedi matin. Les élèves et les parents, eux, se dirigent vers la porte d’entrée où une petite affiche indique "cellule de soutien médico-psychologique au personnel et pour les élèves".
"Au début je n'y croyais pas"
Une nécessité pour ces élèves jeunes et témoins du pire. Au cours de son attaque, l’assaillant a tué un professeur et blessé trois autres personnes aux alentours de 11 heures, au moment de l’intercours. Si aucun des élèves de l’établissement n’a été blessé dans l’attaque, ces derniers ont été confrontés à une violence rare et à la peur.
"Il y avait un surveillant qui a crié dans la cour 'allez vous mettre dans le lycée' et on s’est réfugié", explique courageusement Valentin, un collégien en classe de 6e et témoin de l’attaque.
"Au début, je n’y croyais pas, je pensais que c’était un exercice, poursuit-il. Et puis, je l’ai vu avec son couteau menacer le professeur."
Le jeune garçon et ses camarades se mettent à courir. "On est monté tout en haut, après on est descendu un peu car il n’y avait pas d’issue de secours, rapporte-t-il. On est allé au cinquième étage dans une salle, on était plus de 100."
Dans cet espace fermé, "on manquait d’air, conclut Valentin. On n'avait pas le droit d’ouvrir les fenêtres".
"Un traumatisme"
Ces événements, les élèves et les enseignants peuvent les raconter aux professionnels mobilisés dans l’établissement ce samedi. Une prise en charge qui rassure les parents encore sous le choc.
"C’est compliqué pour les enfants, rapporte Emile, la maman de Louis scolarisé dans l’établissement. Ils ont besoin de s’exprimer. Ils le font avec nous, mais là, des professeurs vont les guider avec leurs questions, leur savoir-faire et on essayer de trouver toutes les solutions."
Émilie le sait, cette attaque "va rester un traumatisme, mais on tente de l’atténuer au maximum". Son fils, scolarisé en cinquième avait Dominique Bernard pour professeur de Français. Quand elle récupère son fils, cette mère de famille décide d’éteindre la télé. "Ça fait ressasser les choses, souffle Emilie. On leur a montré l’intervention du président pour qu’ils se sentent soutenus par notre pays."
Aujourd'hui, "c’est important d’être là pour qu’ils trouvent du conseil (...) et qu’ils soient rassurés qu’on passe le seuil de la porte avec eux. On ne va pas les laisser le jour de la reprise rentrer seul avec tout ce qu’il s’est passé", conclut la maman avant de se diriger avec son fils vers la cellule d'écoute