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Aéroport de Lille-Lesquin: la commission donne son feu vert pour l'agrandissement, les habitants en colère

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La commission d'enquête a rendu mardi un avis favorable au projet d'extension. Associations, habitants et élus ne comprennent pas cette décision.

La commission d'enquête a donné en début de semaine son feu vert au projet d'extension de l'aéroport Lille-Lesquin. Dans un rapport d'une quarantaine de pages, la commission donne un double avis favorable: un pour la demande d'autorisation environnementale relative au projet, et l'autre pour la demande de permis de construire.

Mais cette décision ne passe pas auprès des habitants, des associations et des élus locaux, qui s'étaient déjà opposés à l'extension dès l'annonce du projet.

"On a un projet incompatible avec la santé environnementale, avec le cadre de vie et la qualité de vie de l'ensemble des métropolitains", déclare Stéphane Baly, élu d'opposition (EELV) à la métropole de Lille, invité ce matin sur le plateau de BFM Grand Lille.

Il reproche notamment à la commission d'enquête de ne pas avoir pris en compte les avis des habitants de la métropole. "80% d'avis défavorables. Les citoyens se sont largement exprimés. Les collectivités, toutes les communes qui ont pris des avis défavorables. (...) Finalement, aujourd'hui, ce rapport fait fi de toute cette expression.

"On se moque des riverains"

De leur côté, les habitants ne comprennent pas la décision de la commission d'enquête. Alors que certains d'entre eux se battent depuis des mois et ont fait circuler plusieurs pétitions, cet avis favorable est un coup dur.

"Ça ne parait pas logique d'avoir un avis favorable après autant de contestations", déclare Valérie Morillon, vice-présidente de l'association ADN2L à La Voix du Nord. "On se moque des riverains. (...) En ce moment, on est régulièrement réveillé par des vols Volotea en retard qui partent à 23h30, on ne dort plus. Il faut que le préfet ou le ministre décide d'un couvre-feu. C'est l'essentiel!"

Stéphane Baly confirme sur notre antenne que les élus, associations et habitants de la métropole n'ont pas dit leur dernier mot. "C'est une nouvelle étape administrative. Aujourd'hui, il faut reprendre le sujet politiquement."

L'élu appelle même Emmanuel Macron à "prendre ses responsabilités" concernant ses engagements auprès de l'Europe sur les questions d'urgence climatique. Il explique que les projets d'extension comme celui de l'aéroport de Lesquin sont totalement en contradiction avec les objectifs de réduction d'empreinte carbone. "Dans quel monde, demain, veut-on vivre? Dans un monde à +3°C? Dans un monde plus pollué?"

Doubler le nombre de passagers d'ici 2039

En plus de la question climatique, l'une des principales oppositions au projet concerne la question des nuisances sonores. En 2019, avant la crise sanitaire, plus de 2,2 millions de passagers avaient transité par l'aéroport de Lesquin. Le projet d'extension prévoit de quasiment doubler ce chiffre, pour atteindre 3,9 millions de passagers d'ici 2039.

Un objectif qui passerait entre autres par la construction de plus de pistes de décollages et la création de nouveaux vols, alors même que les habitants de la métropole se plaignent déjà du bruit causé par les vols nocturnes.

Au cours des sept semaines d'enquête publique, la commission a reçu plus de 1.400 contributions, révélant de nombreuses craintes soulevées par les riverains. Beaucoup s'inquiètent notamment des nuisances sonores supplémentaires qu'engendrerait l'extension de l'aéroport.

Dans son rapport, la commission reconnaît que la problématique des nuisances sonores est "majeure" et que la question d'un couvre-feu est un sujet qui est revenu de nombreuses fois au cours de l'enquête. Elle constate également que l'aéroport ne dispose pas "d’un plan de gêne sonore permettant d’indemniser les riverains les plus exposés, ni d’aucune restriction d’exploitation liée au bruit."

La commission conclut toutefois que "les effets à incidences positives du projet de ‘modernisation’ de l’aéroport de Lille-Lesquin excèdent ses aspects potentiellement négatifs.”

L'avis rendu par la commission d'enquête ne signifie pas que les travaux pourront commencer immédiatement. Le projet doit d'abord être validé par le préfet, qui se basera entre autres sur le rapport de la commission. La décision finale pourrait donc prendre encore plusieurs mois.

Chloé Berthod et Laurène Rocheteau