Le prélèvement à la source peut-il être reporté?

L'objectif reste une mise en œuvre en janvier 2019, mais l'exécutif se laisse "la possibilité de le décaler". - Philippe Huguen - AFP
Alors que l'échéance se rapproche, la mise en œuvre du prélèvement à la source dès janvier 2019 n'est toujours pas une certitude totale. L'exécutif a semé le doute cette semaine, alors que Bercy -pour qui "tout se passe bien" assure Gérald Darmanin- vient de lancer sa campagne de communication.
Au lieu de confirmer le calendrier, Édouard Philippe a indiqué qu'il fera le "point" dans "les prochaines semaines". D'après Les Echos, une "clause de revoyure" est prévue pour mi-septembre entre Matignon et Bercy. Le calendrier prévu reste l'objectif, mais l'exécutif se laisse "la possibilité de le décaler".
Emmanuel Macron a déclaré jeudi attendre "des réponses précises" de la part de Bercy. "J'ai plutôt l'intention de conduire cette réforme à son terme, mais j'ai demandé aux ministres compétents de répondre à toutes les questions qui se posent encore, avant de donner une directive finale" dans les prochaines semaines, a dit le président au cours d'une conférence de presse à Helsinki.
La crainte d'un bug informatique et les effets du choc psychologique du bulletin de paie qui baisse feraient hésiter l'Élysée.
"Techniquement possible"
Votée sous François Hollande, la réforme du prélèvement à la source devait déjà être mise en place en janvier 2018. La nouvelle majorité a décidé de reporter la mesure d'un an, pour s'accorder un "temps de vérification et de réflexion", justifiait alors Gérald Darmanin.
La réforme peut-elle à nouveau être reportée d'un an? Cela est "techniquement possible", selon les informations des Echos. D'ailleurs, c'est déjà le cas pour les aides à domiciles et les gardes d'enfants employés par des particuliers. Les dispositifs chargés de collecter l'impôt n'étant pas prêts avant le printemps 2019, Bercy a voulu éviter le casse-tête en reportant le prélèvement à la source à 2020.
En revanche, le quotidien souligne qu'une telle décision perturberait la réalisation d'une autre mesure du gouvernement: la réforme des APL. Aujourd'hui calculées à partir des revenus N-2, les allocations logements doivent au printemps 2019 être basées sur les revenus actuels du bénéficiaire, ce que le jargon administratif appelle la "contemporanéité". Or, c'est grâce au dispositif du prélèvement à la source que l'administration peut connaître les revenus les plus récents des contribuables. Bercy devrait alors trouver un système substitution qui pourrait passer par les Urssaf.