Vivendi s’intéresse à Webedia

Vincent Bolloré et Marc Ladreit de Lacharrière jouent au chat et à la souris. Les deux milliardaires se retrouvent face-à-face à l’occasion de la mise en vente de Webedia. Selon plusieurs sources, le propriétaire de Vivendi lorgne la société de contenus et de divertissements digitaux détenue par son rival, Fimalac.
Leur bataille est aussi une affaire de famille. Le président de Vivendi, Yannick Bolloré, est à la manœuvre. En face, l’épouse de Marc Ladreit de Lacharrière, Véronique Morali, dirige Webedia qui détient les marques Allocine, Purepeople, easyVoyage, le 10 Sport... Elle siège aussi au conseil d’administration de Lagardère aux côtés d’Arnaud de Puyfontaine, le patron de Vivendi. Enfin, Fimalac et Vivendi ont tous deux investi dans l’empire de Stéphane Courbit qui dirige le leader mondial de la production télé, Banijay. Le vendeur et le candidat au rachat se connaissent bien.
Jeu des négociations
Fimalac l’a mis en vente et recevra à la fin du mois les premières offres de rachat. Les prétendants ne sont pour le moment pas très nombreux. Les grands groupes de médias français comme TF1, M6 ne s’y intéressent pas. Les autres tycoons du secteur non plus, ni Daniel Kretinsky, ni Xavier Niel et sa société Mediawan.
Un industriel américain et un fonds du Moyen-Orient sont sur les rangs, ce dernier ayant déjà fait miroiter un bon prix. Et Vivendi qui "hésite à poursuivre", selon plusieurs sources proches du groupe. Dans son entourage, on assure que le prix demandé par Fimalac, autour d’un milliard d’euros, est trop élevé. Webedia réalise 435 millions de chiffre d’affaires pour 80 millions d’euros de marge brute, selon l’entreprise. "C’est le jeu de Bolloré pour faire baisser le prix, explique une source proche du dossier. Mais Webedia l’intéresse".
Intégration à Prisma
L’objectif stratégique de Vivendi serait de l’intégrer à son pôle presse, Prisma, racheté l’an passé à l’allemand Bertelsmann, qui détient les journaux Capital, Management, Geo, Femme Actuelle...
"Prisma dépend trop de la presse papier dont les revenus publicitaires baissent, explique un bon connaisseur. Webedia permettrait de compenser en apportant de la pub digitale sur un marché en croissance".
Les acteurs du secteur jugent que Webedia vaut deux fois moins cher que ce qu’attend Fimalac, autour de 500 millions d’euros. Elle est une entreprise singulière qui agglomère des activités médias, divertissement et jeux, sans concurrent qui lui ressemble. "Elle est dure à valoriser", reconnait un proche. Dans les comptes de Fimalac, l’entreprise était en tout cas valorisée à 600 millions d’euros en 2019.