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Un salaire amputé de 7%: la maison de cognac Rémy Martin met des centaines de salariés au chômage partiel à cause de la Chine et des Etats-Unis

Des fûts de cognac Remy Martin sont visibles dans une cave à vin à Cognac, dans l'ouest de la France, le 10 avril 2014.

Des fûts de cognac Remy Martin sont visibles dans une cave à vin à Cognac, dans l'ouest de la France, le 10 avril 2014. - AFP

Entre les mesures antidumping de la Chine et les menaces sur les droits de douane américain, le cognac français subit une crise sans précédent sur ses deux principaux marchés dans le monde.

La maison de cognac Rémy Martin, filiale de Rémy Cointreau, a décidé de placer plusieurs centaines de salariés au chômage partiel une semaine par mois jusqu'en juin face aux mesures antidumping temporaires appliquées par la Chine, a-t-on appris mercredi de source syndicale.

C'est la première des trois grandes maisons de cognac (avec Hennessy et Martell), à appliquer une telle mesure face à la crise du secteur, très dépendant des exportations et fragilisé par les sanctions chinoises et la perspective de droits de douanes accrus aux États-Unis.

Les deux tiers des quelque 390 salariés du site de Merpins (Charente) sont concernés par cet arrêt de l'embouteillage qui a débuté cette semaine, a précisé à l'AFP David Charrier, délégué syndical Force Ouvrière, confirmant des informations du quotidien Charente Libre.

Les employés concernés verront leur salaire mensuel amputé de 7%. Cette mesure est programmée pour trois mois, renouvelables "si la situation venait à perdurer", poursuit le syndicaliste, qui s'inquiète aussi pour les nombreux intérimaires travaillant habituellement pour Rémy Martin.

Les marchés chinois et américains représentent environ 80% du chiffre d'affaires de Rémy Martin. Le directeur général de Rémy Cointreau Éric Vallat, en poste depuis cinq ans, a démissionné la semaine dernière de ses fonctions à la tête du groupe de spiritueux.

"Les deux plus gros marché"

"Ça fait 30 ans que je suis chez Rémy. J'ai connu les années compliquées où il y a eu des crises, mais on n'a jamais eu de crises qui prenaient les deux plus gros marchés", relève David Charrier.

Les mesures antidumping temporaires de Pékin imposent depuis mi-novembre aux importateurs de brandys européens (eaux-de-vie de vin, essentiellement du cognac) de déposer auprès des douanes chinoises une caution, en représailles à une procédure européenne visant les subventions d'État dont bénéficient les véhicules électriques fabriqués en Chine.

Ces mesures ont porté un coup en France à la filière cognac, qui affirme perdre 50 millions d'euros par mois depuis leur instauration.

Comptant 72.500 emplois dans le pays, elle est particulièrement dépendante des exportations, qui représentent 98% de ses ventes, pour un montant de 3,35 milliards d'euros, avec comme premier client les États-Unis (38% des expéditions), devant la Chine (25%).

Fin mars, le gouvernement français a obtenu un report de trois mois de l'application définitive des droits de douane supplémentaires qui devaient entrer en vigueur en Chine début avril.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi avec AFP Journaliste BFM Éco