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Menacée de droits de douane, la filière française du Cognac obtient un "sursis" de la Chine

La Chine est le deuxième pays importateur de Cognac dans le monde

La Chine est le deuxième pays importateur de Cognac dans le monde - GEORGES GOBET / AFP

Selon le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, la Chine a accepté de reporter de trois mois l'éventuelle application définitive des droits de douane supplémentaires sur le Cognac.

La Chine a consenti à repousser de trois mois une éventuelle application définitive de droits de douane supplémentaires sur la filière Cognac française, a annoncé ce vendredi le chef de la diplomatie française qui achevait une visite en Chine.

"Le risque auquel était confrontée la filière, jusqu'à hier, c'était l'application définitive à l'issue de la période de l'enquête, qui devait se terminer le 5 avril prochain", a expliqué Jean-Noël Barrot.

"A l'issue de cette visite, m'est confirmé que l'enquête est repoussée de trois mois. Ce qui écarte le scénario d'une application brutale de droit définitif sur cette filière", s'est-il félicité.

Le ministre français a souligné qu'il s'agissait d'un "sursis" mais il y voit aussi "une première étape qui devra être suivie d'autres étapes pour (...) mettre définitivement ce différend derrière nous". Le ministre français a achevé vendredi une tournée en Asie qui l'a conduit à Singapour, Jakarta, Pékin et enfin Shanghai vendredi.

Une filière très dépendante des exportations

Jeudi, Jean-Noël Barrot avait déjà souligné que les deux pays avaient pour "objectif commun" de trouver "une solution rapide à cette question", afin de concentrer leurs "efforts sur la réalisation de partenariats et d'investissements pour l'avenir". Interrogé sur ce qui pourrait se produire au bout de ces trois mois de sursis, il a reconnu que l'issue était encore incertaine.

"En fonction des résultats de l'enquête, les autorités chinoises prendront ou non des décisions et nous allons évidemment continuer à nous mobiliser à Paris comme à Pékin grâce au travail de notre ambassadeur et avec l'ensemble des parties prenantes", a-t-il assuré.

La filière cognac (72.500 emplois en France) est ultra dépendante des exportations, qui représentent 98% de ses ventes, pour un montant de 3,35 milliards d'euros, avec comme premier client les États-Unis (38% des expéditions), devant la Chine (25%). En novembre dernier, la Chine avait annoncé l'imposition de "mesures antidumping temporaires" sur les brandys importés de l'Union européenne (UE), dont le cognac, après une annonce similaire le mois précédent.

Ces mesures sont vues comme une riposte à une procédure similaire de Bruxelles sur les subventions aux voitures électriques produites en Chine. La semaine dernière, la filière du cognac avait exhorté l'Etat français et l'Union européenne à agir pour la "sauver" de la "catastrophe" provoquée par les taxes sur les spiritueux engagées par la Chine et annoncées également par les États-Unis, qui pourraient taxer les alcools européens à 200% si l'UE ne renonce pas à taxer le bourbon.

P.L. avec AFP