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Guerre commerciale: la filière du cognac craint une "catastrophe" en Chine et aux États-Unis

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L'interprofession du cognac a appelé le gouvernement français et l'Union européenne à agir rapidement pour "sauver" la filière, chahutée par les tensions commerciales avec la Chine et les États-Unis.

Vacillante sur le marché chinois et menacée sur le marché américain, la filière du cognac redoute une "catastrophe" qui pourrait "l'anéantir". "Nous souhaitons tirer la sonnette d'alarme", a averti le président du Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), Florent Morillon, lors d'une conférence de presse.

"Les conséquences géopolitiques actuelles sont extrêmement graves" pour le cognac, a-t-il observé, estimant qu'elle serait mise "en péril" en l'absence de "solutions politiques et diplomatiques" dans "les prochaines semaines".

En réplique à des surtaxes européennes sur les véhicules électriques chinois, la Chine a embarqué le cognac dans une bataille douanière depuis le début de l'année 2024. Pékin a lancé une enquête "anti-dumping" à l'encontre des spiritueux européens issus de la distillation du vin, menant à des mesures douanières provisoires sur les importations européennes à l'automne 2024. Du côté des États-Unis, Donald Trump menace les alcools européens de droits de douane de "200%" si l'UE ne renonce pas à ses contre-mesures commerciales visant, entre autres, les spiritueux américains.

La Chine et les États-Unis représentent "70% de notre business" et "potentiellement 70% des emplois et de l'écosystème régional pourrait être anéanti si rien n'est fait", a déploré Florent Morillon.

"L'heure est grave"

"L'heure est grave", a confirmé le vice-président du BNIC, Christophe Véral, qui s'alarme d'une "catastrophe d'une ampleur inimaginable". "Les plans sociaux commencent dans différentes sociétés qui gravitent autour du cognac" tels que les transporteurs ou les tonneliers, a-t-il assuré, y ajoutant des "ruptures de contrats qui lient les négociants et les viticulteurs". "Des milliers de familles" risque de "tout perdre", s'est-il inquiété. "On doit nous écouter, et fortement, autrement le cognac va mourir très rapidement", a mis en garde Christophe Véral.

"Le marché chinois se ferme à une vitesse effroyable", a confirmé Patricia Gaborieau, vice-présidente de l'Organisme de défense et de gestion (ODG) du cognac.

"À chaque fois, nous n'avons pas été écouté et nos alertes ont été minimisées", a regretté Florent Morillon, appelant Emmanuel Macron et le gouvernement à "sauver l'appellation". "Les dix jours qui viennent vont être décisifs", a avancé Florent Morillon, alors que le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, est attendu en Chine le 27 et 28 mars. Sur le dossier américain, la filière du cognac demande le retrait des vins et spiritueux américains de la liste des contre-mesures européennes, pour calmer les tensions commerciales avec l'administration Trump.

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV