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Un genou à terre, Huawei se transforme pour survivre

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Huawei - AFP

Vente de la marque Honor, diversification dans la voiture autonome et électrique: le géant chinois tente de compenser le boycott américain sur la vente de composants et la 5G suivi par de plus en plus de pays.

La situation devient de plus en plus compliquée pour Huawei. Le géant chinois des télécoms voit sont modèle économique terrassé par les assauts de l'administration américaine qui font tâche d'huile dans certains pays comme le Royaume-Uni, la Belgique ou la Suède.

Si le groupe a longtemps tenté de résister notamment en comptant sur ses développements internes et ses stocks pour contourner l'interdiction de se fournir en composants américains pour ses smartphones, la firme doit aujourd'hui se résoudre à tailler dans le vif.

La décision la plus visible est la vente de sa marque Honor dédiée au milieu de gamme du marché des smartphones à Shenzhen Zhixin New Information Technology Co, un consortium d’une trentaine de distributeurs et investisseurs chinois soutenus par les pouvoirs publics.

15 milliards de dollars pour Honor?

Le montant de cette vente n'a pas été communiqué mais les rumeurs évoquent un pactole de 15 milliards de dollars.

Car Honor n'est pas un petit acteur, avec 70 millions de smartphones vendus l'an passé, il représentait pas moins de 30% des expéditions totales de smartphones de Huawei. Lors du dernier trimestre, plus d’un appareil sur quatre vendu par Huawei était un smartphone Honor, assure Reuters.

Si l'apport d'argent frais constitue un ballon d'oxygène, il fera sortir Huawei du Top 5 mondial des vendeurs de smartphones où il était jusqu'à présent deuxième derrière Samsung et devant Apple.

Une chute qui sera amplifiée par le fait que le fabricant de l'empire du Milieu n'a plus le droit d'intégrer les services de Google à ses smartphones. Du coup, selon une étude de Trendforce, sa part de marché devrait reculer dès cette année à 14%, et s'effondrer en 2021 à 4% à cause de ventes divisées par trois.

Huawei a également lancé une politique de diversification en annonçant son entrée sur le marché des voitures électriques et autonomes. Pour se faire, il a signé un partenariat avec le constructeur automobile chinois Changan et le spécialiste des batteries au lithium Comtemporary Amperex Technology (CATL) qui est l’un des fournisseurs des voitures Tesla. Huawei founira notamment son expertise dans l'intelligence artificielle et le big data qui sont au coeur du fonctionnement de ces véhicules. Reste qu'aucun calendrier ou précisions n'ont été apportés.

L'étau américain se desserre un peu

Les partenaires ont également évoqué d'autres produits qui viendront s'inscrire dans un écosystème de "vie intelligente et d’énergie intelligente" qui reste pour le moment assez mystérieux.

Ces annonces interviennent alors que de nouvelles décisions de boycott d'équipements 5G vont encore plomber les revenus du chinois. Le gouvernement britannique a ainsi présenté ce mardi au Parlement le projet de loi visant à exclure de son réseau 5G. Ce texte permet au gouvernement de mettre en oeuvre sa décision annoncée en juillet d'expurger son réseau 5G de tout équipement produit par le géant chinois Huawei d'ici à 2027, en raison d'un risque pour la sécurité du pays.

Bonne nouvelle néanmoins, l'administration américaine a accepté d'accorder une licence de vente à Qualcomm pour fournir des composants à Huawei. Le fondeur produit des systèmes qui combinent à la fois le processeur et le modem mais la 5G est exclue de cette autorisation. Néanmoins, cette dernière offre à Huawei un certain sursis.

Par ailleurs, l'élection de Joe Biden à la présidence américaine pourrait-elle faire évoluer la position de Washington? Rien n'est moins sûr malgré la volonté de négocier du démocrate. Element central de la politique du département du commerce, ce boycott pourrait au mieux être allégé mais sûrement pas annulé, selon les observateurs.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business