Thibault Lanxade: "Il faut doubler les montants de la participation et l'étendre à toutes les entreprises"
Etendre l'épargne salariale aux salariés de PME. C'est le projet du gouvernement qui souhaite que dès cette année, 3 millions de salariés de petites et moyennes entreprises bénéficient d'au moins un des dispositifs, soit plus du double par rapport au début du quinquennat.
Selon la Dares, plus de la moitié des salariés du privé bénéficiaient en 2019 d'au moins un dispositif comme la participation, l'intéressement ou l'abondement pour en moyenne 2660 euros brut annuel. Si la loi Pacte a probablement accéléré cette dynamique en supprimer les charges sociales pour les entreprises de moins de 50 salariés sur les dispositifs d’épargne salariale, Bercy souhaite aller plus loin sur les PME.
C'est la mission confiée à Thibault Lanxade, patron du groupe Luminess (ex-Groupe Jouve) qui va jouer le rôle d'ambassadeur du gouvernement auprès des partenaires sociaux. Objectif: convaincre les PME de plus de 10 salariés de proposer de l'intéressement à leurs salariés.
"Il faut ouvrir le chantier de la participation qui est au plus proche du résultat comptable de l'entreprise et du dividende, explique Thibault Lanxade sur BFM Business. C'est obligatoire pour les entreprises de plus de 50 salariés [...] mais si on veut réconcilier les Français avec le capital, il faudra étendre la participation à toutes les entreprises de plus de 10 salariés."
Simplifier le calcul de l'intéressement
L'ambassadeur pour l'épargne salariale souhaite donc que la participation soit rendue obligatoire dans les PME de 11 à 50 salariés et que le montant à partager soit plus important en en changeant le calcul en supprimant la division par deux des bénéfices dans le calcul.
"La formule de la participation est barbare et nous pouvons la débrider en supprimant le un 1/2, souhaite Thibault Lanxade. La règle de la participation c'est le bénéfice net comptable de l'entreprise moins 5% des capitaux propres fois 1/2 multiplié par la masse salariale divisé par la valeur ajoutée. La formule peut paraître barbare mais c'est ni plus ni moins que la quote-part du dividende."
Un calcul complexe que certains partenaires sociaux appellent à simplifier en consacrant un certain pourcentage fixe des bénéfices à la participation. C'était un projet d'amendement proposé en 2008 par le sénateur Serge Dassault qui avait été rejeté par le Sénat à l'époque.
"Serge Dassault avait préconisé de faire un tiers, un tiers, un tiers (NDLR. un tiers pour les dividendes, un tiers pour les salariés, un tiers pour l'investissement) ; Le problème c'est que les entreprises sont plurielles et les règles sont différentes. En revanche ce qu'on peut faire pour les entreprises de moins de 50 salariés c'est de trouver un pourcentage du bénéfice net comptable. Une des raisons pour lesquelles vous ne pouvez pas faire un tiers, un tiers, un tiers c'est que vous ne pouvez pas verser plus du montant du forfait de la Sécurité Sociale, c'est-à-dire 30.000 euros, et il ne faut pas non plus qu'il y ait une cannibalisation sur les salaires."
Certains syndicats de salariés ne sont d'ailleurs pas si favorable à ce que la participation progresse fortement dans les entreprises lui préférant des augmentations pérennes de salaires.
