Télétravail: les entreprises de plus en plus tentées par les outils de surveillance

Un simple accord d'entreprise ou un accord verbal de son supérieur suffit pour adopter le télétravail - Lindsay Reul- Flickr - CC
Avec la généralisation du recours au télétravail un peu partout dans le monde, la tentation par les entreprises de surveiller le travail de leurs collaborateurs est devenue forte et se traduit dans les chiffres.
Selon une étude de Top10VPN, les recherches autour des outils de surveillance ont clairement bondi pendant le premier confinement, illustration de la crainte des entreprises face au télétravail perçu (en tout cas au départ) comme une source de perte de productivité.
Ces outils, très nombreux sur le marché (Teramind, DeskTime, Kickidler, Time Doctor, FlexiSpy...), permettent par exemple de réaliser à distance des captures d'écran aléatoires, d'enregistrer les frappes sur le clavier, de surveiller les messageries instantanées ou encore d'accéder discrètement à la webcam de l'ordinateur du salarié.
Un bond qui illustre les craintes des entreprises
Concrètement, le spécialiste s'est penché sur les requêtes mondiales effectuées entre mars et mai liées aux logiciels de surveillance des salariés, qu'il s'agisse de termes/phrases génériques ou de noms de produits.
Résultat, ces requêtes ont bondi sur un an de 108% en avril et de 70% en mai. La requête la plus symptomatique: "Comment surveiller les employés travaillant à domicile" a flambé de 1705% en avril et de 652% en mai.
Les requêtes autour des logiciels de surveillance les plus connus suivent la même tendance. Celles liées à Time Doctor bondissent de 202% en avril et de 134% en mai, c'est même +333% pour DeskTime en avril dernier...
Et en France?
Reste à connaître l'importance du passage à l'acte. Combien d'entreprises utilisent concrètement ces logociels pour surveiller leurs salariés? Evidemment, ces données sont particulièrement difficiles à trouver... Car leur usage présente des risques: un salarié sachant que son entreprise peut au final devenir moins productif et nourrir un ressentiment envers son employeur.
Quid de la France? En principe, une charte doit détailler l’organisation du travail à la maison et les éventuels outils de contrôle mis en place. Dans ce cas, le salarié doit être prévenu et ces logiciels ne doivent être utilisés que si le salarié manipule des données sensibles, prévient la Cnil, la Commission nationale informatique et libertés.
Dans tous les cas, le Comité Social et Economique doit être averti des dispositifs mis en place autour du télétravail, et veiller notamment au respect de la vie privée et des données personnelles du salarié. La Cnil est très mobilisée sur le sujet.