Subventions de fours micro-ondes, moins de taxes, taux historiquement bas… Comment la Chine veut relancer son économie en souffrance

Un grand écran montre le président chinois Xi Jinping prononçant un discours avant les célébrations du Nouvel An à Pékin le 31 décembre 2024. - AFP
Pékin a annoncé ces derniers mois une série de mesures pour tenter de relancer son économie, grippée par une consommation intérieure morose et menacée par l'intensification des tensions commerciales.
La deuxième économie mondiale peine à se relever d'une grave crise de l'immobilier qui pèse sur le moral des consommateurs et sur les finances des collectivités locales.
Les autorités se préparent également à la hausse des droits de douane promise par le président américain élu Donald Trump, qui pourrait porter un coup sévère au commerce extérieur chinois, moteur essentiel de la croissance.
L'AFP fait le point sur les initiatives de Pékin et leurs effets possibles.
Soutien à la consommation
La Chine a frôlé le retour à la déflation en décembre, nouveau signe d'une consommation toujours atone depuis la fin de la pandémie.
Pour encourager les dépenses des ménages, les autorités ont élargi un programme de subventions permettant le remplacement d'appareils électroménagers: des produits tels que des lave-vaisselles, cuiseurs à riz ou micro-ondes peuvent désormais bénéficier de ces avantages.
D'autres programmes équivalents ont été mis en place pour des produits électroniques comme les smartphones, tablettes et montres connectées.
Ces plans de soutien à la consommation ont "déjà montré leur efficacité ces derniers mois", affirme à l'AFP Agatha Kratz, de Rhodium Group.
Taux d'intérêt historiquement bas
La banque centrale chinoise, la Banque populaire de Chine (PBOC), a abaissé en octobre deux taux d'intérêt clés à des niveaux historiquement bas, quelques jours seulement après que le pays a enregistré sa plus faible croissance trimestrielle en 18 mois.
Le taux préférentiel (LPR) à un an, qui constitue la référence des taux les plus avantageux que les banques peuvent offrir aux entreprises et aux particuliers, a été abaissé de 3,35% à 3,1%.
Le LPR à cinq ans, référence pour les taux des crédits immobiliers adossés à une hypothèque, est passé de 3,85 % à 3,6%.
Les responsables de la PBOC ont indiqué que de nouvelles baisses des taux pourraient être décidés en 2025, dans le cadre d'une politique monétaire révisée désormais qualifiée de "modérément souple".
L'institution a également rappelé son intention de réduire le ratio de réserves obligatoires, c'est-à-dire la part des dépôts que les banques commerciales doivent conserver en réserve sans pouvoir le prêter ou l'investir.
Encourager l'investissement immobilier
Le secteur immobilier chinois, longtemps un pilier de l'économie nationale, a alimenté un boom de la construction et une urbanisation rapide ayant conduit à une saturation de l'offre.
Le secteur a traversé une crise profonde après l'effondrement de certains des plus grands promoteurs du pays, enlisés dans leurs dettes.
Echaudés par les nombreux cas de chantiers interrompus et d'appartements non livrés, les particuliers sont désormais très prudents et repoussent leurs achats immobiliers, conduisant à une stagnation des prix.
Pour stimuler le marché, Pékin a annoncé en novembre une série de mesures comprenant la réduction des taxes sur les transactions immobilières dans quatre grandes villes, Pékin, Shanghai, Canton et Shenzhen.
Plusieurs autres municipalités ont également annoncé l'assouplissement des restrictions à l'achat de biens immobiliers, initialement adoptées pour limiter la spéculation.
Signe encourageant: la surface totale des transactions de propriétés résidentielles neuves dans les grandes villes a augmenté en décembre de 18% sur un an.
Virage budgétaire
L'économie chinoise est plombée par une crise de la dette des gouvernements locaux, qui ont pendant longtemps emprunté massivement pour financer des projets d'infrastructures dans un cadre réglementaire plutôt permissif.
Ces équipements, construits en grand nombre, génèrent aujourd'hui beaucoup moins de revenus.
Pékin a approuvé en novembre un plan visant à échanger 6.000 milliards de yuans (794 milliards d'euros) de cette dette dite "cachée" des gouvernements locaux contre des prêts officiels à des conditions plus favorables.
Ce plan d'échange inclut d'augmenter le plafond de la dette des gouvernements locaux chaque année jusqu'en 2026, ce qui pourrait réduire les risques et libérer de nouvelles ressources.
Emission d'obligations
Les autorités centrales ont annoncé en octobre que des obligations spéciales seraient émises au profit des gouvernements locaux pour l'acquisition de terrains inexploités ou en friche.
Cette mesure "aidera à alléger les pressions sur la liquidité ainsi que la dette des gouvernements locaux et des entreprises immobilières", assurait alors le vice-ministre des Finances, Liao Min.
Mais les analystes restent sceptiques quant à une reprise complète du secteur immobilier cette année, pour laquelle il n'existe "aucune solution rapide" en vue, tempère Lisheng Wang, économiste chez Goldman Sachs.
