Restaurant, sauna et murs d'escalade: l'essor fulgurant des salles de grimpe nouvelle génération

Salle d'escalade Climb Up à Paris, porte d'Italie - Climb Up
A Paris, l'escalade se fait désormais le long de murs flambant neufs en béton ciré, entouré de mobilier design et illuminé par de grands vitrages équipés de LED. Bienvenue dans la nouvelle salle Climb Up à la Porte d'Italie, ouverte le 19 mai dernier… aux enfants.
Car à l'époque, les adultes n'étaient pas encore autorisés à revenir dans les salles de sport. "On a été beaucoup stigmatisés" regrette le patron de Climb Up, François Petit.
Mais la crise sanitaire n'a pas enterré la petite folie autour des salles d'escalade, devenues des lieux tendance pour les urbains où on trouve désormais des saunas, des restaurants et même des espaces de co-working.
Preuve de ce succès, les différents réseaux (Vertical Art, Arkose, Climb Up, Altissimo…) ont créé en juillet 2020 syndicat national pour réunir les acteurs de la profession, l'Union des salles d'escalade (UDSE). L'enjeu: accompagner le développement des salles dans toute la France. On en compte aujourd'hui 250 dans l'Hexagone pour un chiffre d'affaires global autour de 200 millions d'euros.
Des lieux de vie
Et malgré la crise, "aucune salle n'a mis la clef sous la porte", se félicite Ghislain Brillet, président de l’UDSE. "D'ailleurs aucune salle n’a jamais mis la clef sous la porte ces 30 dernières années à trois exceptions près, des salles sans doute inadaptées à leur ville".
Ancien champion du monde, François Petit a lancé Climb Up en 2011, espérant alors développer "une ou deux salles par an" notamment en remettant sur pied des salles vieillissantes. Avant les années 2000, l'escalade était un petit monde assez hermétique. Mais depuis une vingtaine d'années, les salles ont connu un essor considérable.
"Nous avons fait évoluer le concept pour en faire des lieux de vie" explique François Petit. "L'escalade est devenue intergénérationnelle".
Surtout, les sportifs ne passent finalement que 30% du temps à grimper et le reste à se reposer ou discuter dans ces lieux devenus tendance.
Désormais, Climb Up ouvre en moyenne 8 salles par an et prépare pour mars 2022 l'ouverture à Aubervilliers de la plus grande salle d'Europe.
Les JO 2024 en ligne de mire
Que viennent chercher les grimpeurs? Une alternative aux salles de sport avec une pratique exigeante et qui s'adresse aux débutants et aux expérimentés. Les salles proposent généralement du "bloc", c'est-à-dire des murs à faible hauteur avec un tapis pour amortir les chutes. Avec le bloc, pas de matériel nécessaire et pas besoin d'un assureur pour retenir une chute. Mais certaines salles proposent aussi des "voies", plus hautes et techniques pour les grimpeurs expérimentés.
Mais la crise n'a pas été indolore. Prêts garantis par l'Etat, ouverture du capital… les salles ne sont "pas indemnes" insiste François Petit. Les aides sont parfois insuffisantes ou encore coincées dans les tuyaux. Si, à la réouverture aux adultes le 9 juin dernier, "la communauté est revenue, ça a été plus difficile pour les nouvelles salles" explique François Petit.
La mise en place du pass sanitaire, dès le 21 juillet dernier, n'a pas aidé. Son extension pour les jeunes à partir de 12 ans dès le 30 septembre "pose d'énormes problèmes, nous demandons une dérogation" souligne de son côté Ghislain Brillet.
Heureusement, les perspectives sont plus heureuses et l'arrivée de l'escalade aux Jeux Olympiques de Tokyo a donné un écho supplémentaire à la discipline, parfois spectaculaire. Bassa et Mickael Mawem, deux Français en lice, viennent de reprendre la salle d'escalade de Colmar. Une façon de capitaliser sur un sport qui superforme, à trois ans des JO de Paris.