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L Edito de Raphael Legendre

EDITO. Faut-il rogner les allègements de charges?

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L'ÉDITO DE RAPHAËL LEGENDRE. Les députés Ensemble pour la République se réunissent ce matin pour arrêter leur position sur les allégements de charges, et dire s’ils voteront le budget ou pas.

Cela fait des semaines que les macronistes ferraillent avec Matignon sur les allègements généraux (AG) de charges de 1 à 3,5 smic. Pour rappel, les AG, ce sont 78,7 milliards en 2024.

Face à l’envolée de leur coût, le Premier ministre a voulu les raboter de 4 milliards d'euros. Une petite baisse de 5 %, mais qui est aussi une augmentation du coût du travail. Une aberration pour les tenants d'une ligne pro-business, alors que le chômage repart à la hausse.

L’Edito de Raphaël Legendre : Faut-il rogner les allègements de charges ? - 26/11
L’Edito de Raphaël Legendre : Faut-il rogner les allègements de charges ? - 26/11
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C’est la ligne que défend Gabriel Attal depuis des semaines, et on peut le comprendre. Ces allégements sont quand même un formidable outil au service de la création d’emplois. Ce n'est pas pour rien que les gouvernements de droite comme de gauche ont tous suivi la même route depuis les premiers allègements Balladur en 1993.

Mais on ne peut pas non plus appréhender uniquement le sujet des AG par le prisme de l’emploi. La contrainte budgétaire existe aussi, et les allègements de charge ont flambé ces dernières années. Entre 2022 et 2025, si rien n’est fait, elles vont grimper de 70 à 80 milliards d'euros. +10 milliards !

Dix milliards, c’est aussi l’augmentation du déficit de la Sécurité sociale chaque année depuis 2023. La faute à un effet ciseau entre l'explosion des dépenses (+100 milliards en quatre ans) et la forte progression des allègements de charges ces dernières années.

Un coup de rabot ramené à 1,5 milliard comme l’a proposé lundi le ministre des Comptes publics, permettrait de stabiliser les AG au niveau de 2024. C’est un moindre mal.

Arbitrage politique

Il faut toutefois reconnaître que l'analyse économique entre contrainte budgétaire et politique de l’offre n'a que peu pesé dans ce débat. C'est d’abord une bataille politique que se sont menés entre eux Droite républicaine (DR), Ensemble pour la République (EPR) et Matignon.

Laurent Wauquiez a obtenu 800 millions d'euros avec la revalorisation anticipée des retraites pour un groupe de 47 députés.

Gabriel Attal va obtenir un totem politique à 2,5 milliards d'euros, c'est-à-dire trois fois plus que Laurent Wauquiez alors que son groupe ne pèse que deux fois plus que DR (94 députés).

Une victoire politique, donc, pour l'ex-Premier ministre, qui fait qu’EPR devrait accepter le deal Barnier.

Raphaël Legendre