Poutine appelle à lever les restrictions sur l'exportation de céréales russes

Face aux risques d'insécurité alimentaire voire de famine pure et simple que fait peser la guerre en Ukraine sur certains pays, notamment africains, la Russie joue l'apaisement. Tout du moins, en façade : la Russie veut obtenir en retour d'une exportation de céréales, le desserrement des sanctions.
Vladimir Poutine a ainsi appelé mardi soir à lever les restrictions occidentales sur les céréales russes, pour obtenir des avancées dans l'exportation de la production agricole ukrainienne, actuellement bloquée dans le pays à cause de l'offensive du Kremlin.
"Nous faciliterons l'exportation des céréales ukrainiennes, mais en partant du fait que toutes les restrictions liées aux livraisons aériennes à l'export des céréales russes soient levées", a affirmé le président russe, après des pourparlers à Téhéran.
"Nous nous étions entendus depuis le début sur ce point avec les organisations internationales. Mais personne n'a pris la responsabilité de finaliser tout cela, y compris nos partenaires américains", a-t-il poursuivi, pointant du doigt l'Occident.
L'exemple des engrais
"Les restrictions sur les livraisons d'engrais russes sur le marché mondial ont été levées par les Américains, dans la pratique", a assuré M. Poutine. Selon plusieurs médias américains, les Etats-Unis ont en effet poussé les compagnies internationales de négoce à renforcer leurs approvisionnements russes en engrais, en dépit de sanctions officiellement encore en place. Le tout, pour booster la production agricole.
"S'ils veulent sincèrement améliorer la situation sur les marchés mondiaux alimentaires, j'espère qu'il en sera de même concernant les exportations de céréales russes", a encore souligné Vladimir Poutine.
Plus tôt dans la journée, le patron du Kremlin a évoqué des progrès dans les négociations pour l'exportation des céréales d'Ukraine via la mer Noire et remercié son homologue turc Recep Tayyip Erdogan pour sa "médiation" dans ce dossier. Le ministère russe de la Défense avait indiqué vendredi qu'un "document final" serait prêt sous peu pour permettre l'exportation de céréales d'Ukraine.
Interrogé sur France 2 ce mercredi matin, le ministre français de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, a expliqué l'intention de l'exécutif français de ne pas céder aux menaces moscovites.
Si on a aujourd'hui un problème de céréales, c’est parce qu'on ne sort plus les céréales du port d'Odessa. La responsabilité de Vladimir Poutine, c'est de laisser circuler les céréales : n’inversons pas les rôles et ne faisons pas des céréales un objet de chantage."
L'Ukraine est l'un des principaux producteurs de blé, de maïs ou encore de tournesol. 20 à 25 millions de tonnes sont bloquées dans le pays, et le chiffre pourrait tripler d'ici l'automne, avant que ces stocks, entravés par le blocage des ports de la mer Noire, et notamment Odessa, ne finissent par pourrir si rien n'est fait.