Pourquoi les recettes des radars ont chuté de plus de 13% en cinq ans

En 2016, le montant des amendes forfaitaires émises par radar et procès-verbal électronique s’est élevé à 2,402 milliards d'euros. - Joël Saget-AFP
"Un impôt masqué". C'est souvent ainsi que sont qualifiées les contraventions liées aux excès de vitesse. Et avec le durcissement des sanctions et l'augmentation du nombre de radars depuis 2015, on aurait pu penser que les recettes des contraventions allaient exploser. C'est d'ailleurs ce qu'estimait Bercy en 2018 qui voyait les recettes des amendes liées aux radars grimper à 1,23 milliard d'euros pour l'année suivante.
Une baisse de 13,5% par rapport au début du quinquennat
C'est tout le contraire qui s'est produit. Depuis un plafond atteint en 2017 de 824,7 millions d'euros (hors majoration pour les retards de paiement), les recettes n'ont depuis cessé de baisser. Selon Les Echos, l'exécutif table ainsi sur 714 millions d'euros de recettes pour l'année prochaine, soit une baisse de 13,5% par rapport au début du quinquennat. En légère hausse par rapport à 2021 (moins de 700 millions d'euros), mais bien loin des "objectifs" initiaux.
Cette baisse s'explique d'abord par l'émergence du mouvement des gilets jaunes fin 2018 qui a provoqué de nombreuses dégradations sur les radars automatiques. Elles auraient entraîné selon la Sécurité routière un manque à gagner de 300 millions d'euros sur l'année. Le nombre de radars en état de marche ne devrait retrouver que l'année prochaine son niveau de 2017.
Mais ce n'est pas la seule explication. Avant même les gilets jaunes, les recettes avaient déjà commencé à baisser. La recette globale était en recul de 40 millions d'euros sur les six premiers mois de 2018. La Sécurité routière évoquait alors "un meilleur comportement des automobilistes" lié à la multiplication des radars.
Une forte baisse du trafic à cause de la pandémie
A cela s'est ajouté en 2020 la crise sanitaire qui a entrainé une forte baisse du trafic dans l'Hexagone. Le nombre de morts sur les routes a ainsi atteint son plus bas niveau historiqueet les recettes des radars ont plongé à 553 millions d'euros (contre 729 millions d'euros envisagé dans la Loi de finances).
Les recettes sont reparties à la hausse cette année, mais restent en deçà de la période d'avant-crise. Si les limitations de déplacement ne sont plus à l'ordre du jour, les Français circulent moins, notamment pour se rendre au travail avec le déploiement du télétravail. Une pratique qui a en partie perduré depuis la sortie des confinements. Bercy ne s'attend pas à un retour à la normale avant 2024 ou 2025.
