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Pourquoi de moins en moins de Français estiment faire partie de la classe moyenne

58% des Français estiment faire partie de la classe moyenne, soit 12 points de moins qu'en 2008.

58% des Français estiment faire partie de la classe moyenne, soit 12 points de moins qu'en 2008. - Jean-Pierre Muller - AFP

Alors qu'en 2008, 70% des Français disaient faire partie de la classe moyenne, ils ne sont plus que 58% en 2019. La faute aux dépenses contraintes comme le logement qui plombent le budget des ménages.

La classe moyenne est-elle en train de disparaître? Les Français qui estiment en faire partie restent majoritaires, mais leur nombre décroit. Interrogés par l'Ifop en 2008, 70% d'entre eux s'assumaient comme tels. Onze ans plus tard, toujours cet institut de sondage, ils ne sont plus que 58% en 2019. La part de ceux se déclarant modestes a elle fortement progressé sur la période, passant de 23% à 38%.

Comment expliquer ce sentiment de décrochage? Principalement par la difficulté croissante d'accès à la consommation. "Les dépenses contraintes, logement en tête, n'ayant cessé de progresser, le reste à vivre est de plus en plus restreint", assure Pascale Hébel du Crédoc dans Le Parisien.

Depuis l'après-guerre, la classe moyenne se définissait comme une population capable financièrement de s'équiper en biens de consommation durable (pour le foyer ou pour se déplacer) et qui accédait à des loisirs. La moyennisation de la société française s'est accompagnée de l'émergence de la grande consommation (hypermarchés) et du tourisme de masse. Mais depuis quelques années, de plus en plus de Français estiment avoir plus de difficultés à atteindre cet objectif. 

Parmi les 58% de Français déclarant faire partie de la classe moyenne, seuls 13% répondent que leurs fins de mois ne leur posent pas de problèmes. 28% assurent les finir "tout juste" et 17% "difficilement".

Des Français contraints d'arbitrer

La faute donc à ces dépenses contraintes qui ont fortement augmenté ces dernières années dans le budget des Français. L'ensemble des dépenses dites pré-engagées (logement, assurances, eau, gaz, électricité, abonnements divers à des services...) pèse beaucoup plus aujourd'hui qu'il y a quelques décennies. Elles représentaient 12,3% en 1959 selon l'Insee, contre 33,7% à fin 2017 selon l'Insee. Et si ce poids n'a pas particulièrement augmenté depuis le début des années 2010 selon l'Insee (les dépenses contraintes représentaient 34,5% du budget des ménages en 2013 selon l'Insee), le sentiment de décrochage lui est de plus en plus fort.

Le coût du logement semble notamment particulièrement peser sur les ménages les plus modestes. Les Français y consacraient moins de 10% de leur revenu en 1960, 16% en 1980 et près de 23% aujourd’hui, voire plus de 30% dans certaines grandes agglomérations comme Paris.

Résultat de plus en plus de Français sont contraints de faire des arbitrages. Ils sont neuf millions, soit 17% de la population, à assurer devoir arbitrer dans leurs dépenses alimentaires. Pour ces ménages, impossible de faire ses courses du quotidien sans chercher systématiquement les promotions (78% d'entre eux), privilégier les marques de distributeurs (70%), profiter des déstockages (57%) ou encore acheter des produits d'occasion. Quand ils ne sacrifient pas tout simplement les vacances. 75% des classes moyennes inférieures assurent devoir y renoncer souvent ou de temps en temps. 

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco