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Plan hydrogène: comment l'exécutif veut faire émerger une "filière industrielle nouvelle"

Air Liquide a déjà conçu et installé 100 stations hydrogène dans le monde, mais seulement 10 en France.

Air Liquide a déjà conçu et installé 100 stations hydrogène dans le monde, mais seulement 10 en France. - Air Liquide

Le gouvernement a dévoilé ce mardi les détails du plan pour développer la filière industrielle de la production d'hydrogène décarboné en France. Doté de 7 milliards d’euros, il comprendra du soutien financier à l'investissement, à la recherche, et des aides compensant les écarts de prix de production plus élevés.

"Relocaliser l'industrie, en France et créer des emplois, c'est un pari à 7 milliards d'euros" a déclaré Bruno Le Maire, ministre de l'Économie qui présentait ce mardi avec Barbara Pompili (Transition écologique) la stratégie hydrogène nationale devant l’ensemble des acteurs et partenaires de la filière.

Dotée d’une enveloppe significative de 2 milliards d’euros dans le cadre de France Relance, la stratégie pour le développement de l’hydrogène décarboné s’étend au-delà de la période 2020-2022 et fixe une trajectoire jusqu’en 2030 avec au total 7 milliards d’euros de soutien public.

Une stratégie "plus lente" pour créer une filière nouvelle

"Nous passons la vitesse supérieure pour construire une filière française de l'hydrogène décarbonée" a ajouté la ministre de la Transition écologique. L'enjeu consiste à développer une filière de production d'électrolyseurs compétitive en France.

L'objectif visé est l’installation d’une capacité de production d’hydrogène décarboné de 6,5 GW en 2030 au moyen d'électrolyseurs. Cela permettra d’économiser plus de 6 millions de tonnes de CO2 à cette même échéance, soit l’équivalent des émissions annuelles de CO2 de Paris.

"Nous avons fait le choix d'une stratégie plus lente, moins visible, consistant à créer une filière industrielle nouvelle, la filière de l'électrolyse,avec nos propres outils et nos propres fabrications" a ajouté le ministre de l'Économie.

Financer des mécanismes "de compléments de prix"

Au total, le gouvernement a prévu de dépenser d'ici 2023 près de la moitié (3,4 milliards d'euros) du total des sommes prévues dans le plan hydrogène. Dans l'immédiat, 1,5 milliard d'euros seront consacrés à des projets européens communs d'importance, au financement de l'Industrialisation d'electrolyse, au soutien financier aux investissements et à celui de la recherche.

Un programme prioritaire de recherche (PPR) "Applications de l’hydrogène", doté de 65 millions d'euros, financera la recherche en amont pour préparer la future génération des technologies de l’hydrogène (piles, réservoirs, matériaux, électrolyseurs…).

Près de la moitié des 7 milliards du plan seront dépensés d'ici 2023
Près de la moitié des 7 milliards du plan seront dépensés d'ici 2023 © Ministère de la Transition écologique

Il y aura aussi des mécanismes de financement de type "compléments de prix". Ils seront destinés à combler les différenciels de prix (surcoût) entre le processus de production d'hydrogène "vert", plus coûteux, et celui de l'hydrogène "gris", fabriqué aujourd'hui à partir d'énergies fossiles.


Par ailleurs, "dès ce mois-ci l'Ademe, lancera deux appels à projets" a précisé la ministre de la Transition écologique.

Le premier, baptisé "briques technologiques et démonstrateurs", et doté de 350 millions d'euros jusqu'en 2023, visera à améliorer composants et systèmes liés à la production d'hydrogène (réservoirs haute pression).

Un appel à projet "hubs territoriaux d'hydrogène"

Le second, dénommé "hubs territoriaux d'hydrogène" bénéficiera d'une dotation de 275 millions sur 3 ans "pour soutenir les déploiements par les collectivités d'écosystème territoriaux de grande envergure".

Ce plan de 7 milliards d'euros est "un choix qui engage les industriels" a souligné Bruno Le Maire, devant les membres de la filière hydrogène présents.

"Nous n'aidons pas pour rien. Nous aidons pour qu'il y ait des usines, des emplois. Je suis confiant car nous avons les entreprises pour le faire et des champions que nous pouvons aider" a-t-il conclu. L'objectif affiché par le gouvernement est de générer entre 50.000 et 150.000 emplois directs et indirects en France.

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco