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Niveau des élèves: des start-up cassent les prix pour rendre le soutien scolaire plus accessible

Les Sherpas est une plateforme de soutien scolaire visant à mettre en rapport des élèves de tous niveaux avec un professeur.

Les Sherpas est une plateforme de soutien scolaire visant à mettre en rapport des élèves de tous niveaux avec un professeur. - Les Sherpas

Alors que le niveau scolaire des élèves inquiète, le marché du soutien scolaire est pleine croissance et l'offre s'est élargie avec une offre plus accessible.

Les entreprises de soutien scolaire se frottent-elles les mains à chaque publication d'un rapport Pisa? Tous les trois ans, cette enquête internationale fait le point sur le niveau des compétences des élèves et dresse une comparaison internationale au sein des pays de l'OCDE. Et elle est rarement flatteuse pour les élèves français.

Alors que plus de 6 Français sur 10 selon un sondage Ifop jugent que l'école fonctionne mal, des parents de plus en plus nombreux se tournent vers les services de soutien scolaire. Un marché déjà important en France mais qui prend chaque année une ampleur nouvelle, surtout depuis le Covid.

"La France est le premier marché en Europe pour le soutien scolaire, estime Etienne Porche, le cofondateur des Sherpas, une marketplace créée en 2017 qui met en relation les familles avec des enseignants. Nous l'estimons à 2,5 milliards d'euros par an avec une croissance de 5 à 10%. Les familles se rendent de plus en plus compte de l'énorme enjeu que l'éducation représente."

Les grands noms du secteur annoncent même des hausses à deux chiffres. C'est le cas du leader Acadomia qui revendiquait 25% de croissance à la rentrée de septembre ou encore son concurrent Complétude qui l'estimait à plus de 30%.

Un avantage fiscal

La demande est telle que toutes les sociétés de soutien scolaire rencontrent -au même titre que l'Education nationale d'ailleurs- des difficultés de recrutement. C'est en effet un secteur où le turn-over est important avec notamment beaucoup d'étudiants. Chaque année, ce sont plusieurs dizaines de milliers de profs qui sont recherchés par les plateformes.

Si le Covid, les piètres résultats des élèves aux enquêtes largement relayés dans les médias et l'absentéisme des enseignants (qui représente 15 millions d'heures par an selon l'Education nationale) sont les moteurs du marché du soutien scolaire, les entreprises du secteur ont reçu un coup d'accélérateur en 2022 avec la mise en place du crédit d'impôt instantané qui permet aux parents de bénéficier de l'avantage fiscal de 50% immédiatement sans avancer l'argent.

Une façon de lutter contre le "travail au noir" très répandu dans le secteur et aussi de permettre de rendre plus accessibles des services pointés du doigt pour creuser les inégalités.

D'autant que les plateformes numériques ont permis de faire baisser les prix sur ce marché de plus en plus concurrentiels. Que soit les entreprises spécialisées dans les cours à distance comme SchoolMouv ou Kartable ou les plateformes de mise en relation comme les Sherpas.

Les marges énormes du soutien scolaire?

"Le soutien scolaire n'est pas un "truc de riche", insiste Etienne Porche des Sherpas. Ce sont principalement des familles de la classe moyenne qui y ont recours, soit plus d'une sur trois en France."

Dans un secteur très juteux, les start-up veulent se faire une place en cassant les prix.

"Les organismes prennent des marges énormes, assure le fondateur des Sherpas. C'est 80 euros de frais de dossier, 40 euros de l'heure alors qu'ils reversent seulement 13,50 euros en moyenne aux profs."

La start-up propose elle aux profs de fixer leurs tarifs qui varient de 20 euros pour le collège à 35-40 euros pour le supérieur en général. Les Sherpas ne prennent ensuite qu'une marge de 20% sur le montant payé par les familles.

Face à ce développement croissant, le ministère tente de reprendre la main avec des dispositifs comme "Devoirs faits" qui a été généralisé et rendu obligatoire en classe de 6ème à la rentrée dernière. Les élèves passent une à deux heures de plus au collège pour faire leurs devoirs en compagnie de professeurs.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco