Négociations alimentaires: les industriels accusent les supermarchés de ne pas jouer le jeu

Les négociations entre les supermarchés et leurs fournisseurs s'achèvent, après des semaines de tensions exacerbées par l'inflation - DAMIEN MEYER © 2019 AFP
Après plus d'un mois de réouverture des négociations commerciales sur les prix de l'alimentaire, les industriels se sont inquiétés jeudi du comportement de certains distributeurs, qu'ils accusent de "mettre en danger" la filière en dépit de la flambée de ses coûts de production.
Après une nouvelle réunion de suivi des négociations, la Coopération agricole et l'ANIA, principale organisation de l'agroalimentaire, fustigent dans un communiqué l'attitude de certaines enseignes, qui selon elles "nuisent gravement à la filière et mettent en danger les entreprises".
"Compte tenu du comportement des distributeurs, qui jouent la montre ou ignorent les demandes de renégociations des industriels, nous sommes inquiets de l'évolution des discussions", soulignent ensemble le président de l'ANIA, Jean-Philippe André, et celui de la Coopération agricole Dominique Chargé.
Malgré la signature d'une charte d'engagement sous l'égide du ministère de l'Agriculture il y a un mois, l'ANIA et la Coopération agricole estiment que "certains distributeurs sont encore prêts à contourner son contenu sans scrupule", faisant fi d'un esprit de solidarité de filière.
Augmentation de prix trop faible
Face à la flambée des coûts de production liés à la guerre en Ukraine, industriels et distributeurs se sont remis autour de la table des négociations mi-mars pour revoir leurs contrats commerciaux, signés quinze jours plus tôt. A l'issue d'une âpre lutte, ils déterminent chaque année le prix de nombreux produits vendus aux grandes surfaces.
Les négociations annuelles s'étaient conclues le 1er mars par une augmentation de 3% pour répercuter l'inflation, trop tôt cependant pour prendre en compte la flambée des prix liée au conflit.
Les industriels affirment que les clauses de renégociation et de révision - qui n'incluent pas les variations de l'énergie par exemple - "ne permettent pas de prendre en compte l'accumulation des hausses subies sur tous les postes de coûts".
Ils regrettent aussi l'absence d'un moratoire sur les pénalités logistiques, des sanctions qui s'appliquent lorsque les fournisseurs ne sont pas en mesure de livrer leurs produits dans les temps ou en quantité attendue.
"La position et les discours de certains distributeurs sont inacceptables. Il n'y a pas d'effets d'aubaine de la part des industriels", défendent-ils, alors que certaines enseignes pointent selon eux des difficultés de livraisons.
D'après l'ANIA et la Coopération agricole, 9 industriels sur 10 subissent des difficulté d'approvisionnement, tant sur les matières premières agricoles que sur les intrants industriels comme les emballages.
