Négociations commerciales: une inflation pour la première fois en huit ans

Clap de fin pour les négociations commerciales annuelles. Industrie agroalimentaire et grande distribution avaient jusqu'au mardi 1er mars pour conclure ces négociations, qui décideront du prix des produits dans les supermarchés. Face à la très forte hausse des coûts de production et à la mise en œuvre de la loi Egalim 2, les discussions étaient particulièrement difficiles cette année: à une semaine de la date butoir, la proportion de contrats signés était de 20 points inférieures à celle habituellement observée à la même période.
Une bonne nouvelle: le taux de signature approche finalement 80% "dans la plupart des enseignes" au lendemain de la clôture des négociations, quasiment au même niveau que l'année passée, annonce le ministère de l'Agriculture. Il reste néanmoins "deux structures" dont le taux de signature est en dessous de ce chiffre.
"Les difficultés résiduelles sont le fait de grands groupes", car tout est quasiment signé du côté des PME, précise le ministère, qui assure que la mise en œuvre de la loi Egalim 2 n'a "pas eu d'effet" sur le taux de signature.
Pour la première fois en huit ans, ces négociations annuelles se traduiront par une hausse des prix d'achats des produits alimentaires. Le ministère n'avance pas encore de chiffre pour cette inflation, mais les industriels évoquent, eux, une augmentation moyenne de 2% ou 3% – bien moins que ce qu'ils attendaient. "Ce n'est pas suffisant par rapport à ce que voulaient les industriels, mais ça aurait été une catastrophe sans la loi Egalim 2", qui a permis de "préserver les matières premières agricoles" et de protéger la rémunération des agriculteurs, souligne le ministère.
La guerre en Ukraine joue un rôle dans cette inflation. "Il y a des dépendances très fortes sur le tournesol, les céréales, des dépendances sur l'énergie...", a souligné sur BFM Business Jean-Philippe André, président de l'Ania, la principale organisation de l'agroalimentaire, qui soutient que la hausse de ces matières premières "serait répercutée dans les prix". "Inévitablement, on va être impactés comme les autres pays européens par la crise ukrainienne", a-t-il ajouté.
Des contrôles "dès aujourd'hui"
Une soixantaine de dossiers ont été déposés auprès du médiateur des relations commerciales agricoles, Thierry Dahan, sont actuellement en cours, expliquant une partie des contrats qui n'ont pas encore été signés. Soit dix saisines de plus que l'année passée, qui était déjà une année record en la matière. Le ministère évoque néanmoins quelques saisines "opportunistes" avec des "positions très éloignées" entre les deux parties, demandées à la dernière minute pour excuser le fait de ne pas avoir signé à temps.
Les contrôles menés par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) démarrent "dès aujourd'hui" et "les entreprises qui ne respectent pas la loi seront sanctionnées", assure le cabinet de la ministre chargée de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher. Si les "situations individuelles seront prises en compte", les deux ministères affirment qu'ils mèneront une politique de "tolérance zéro".